Histoires de famille. La parenté au Moyen Age

De nos jours, les historiens mettent la parenté au cœur de leurs analyses du Moyen Âge. Influencés par l’anthropologie culturelle, ils savent que la famille est la cellule de base de toute société. Elle concerne alors directement toutes les phases de la vie humaine depuis la naissance jusqu’à la mort, mais aussi maints aspects de son organisation sociale, économique et mentale : luttes pour le pouvoir et pour l’acquisition du prestige ou de l’honneur, stratégies d’ascension sociale, transmission des valeurs et des savoirs professionnels, cycles vindicatifs et exercice de la violence, production et consommation des biens, créations de la fiction littéraire, mythes et peurs de l’inconscient collectif… Les liens qu’en unissent les membres d’une même parentèle sont de l’ordre de la filiation, que chacun reçoit de ses géniteurs et qui s’exprime dans la mémoire généalogique, ou de l’ordre de l’alliance, choisie collectivement dans le cadre du mariage. Au cours des Ve-XVe siècles, les structures de parenté évoluent au gré de la société. Le cousinage consanguin de l’époque carolingienne cède le pas au lignage de l’an mil, remplacé à son tour par l’arborescence des branches à la fin de la période médiévale. Un changement similaire est le lot des stratégies matrimoniales, qui oscillent entre l’hypergamie et l’hypogamie ou entre l’endogamie et l’exogamie, tout en modifiant la nature des échanges matériels avec le passage du douaire à la dot. Mais la parenté médiévale ne saurait se réduire à un schéma univoque. Dans un monde divers et pluriel, elle propose de multiples angles d’approche au chercheur. Le but de cette collection est précisément de marier l’analyse du concret et le récit d’histoires de famille à la synthèse d’une réflexion abstraite et générale sur la nature de la parenté médiévale.