Hildebert de Lavardin, évêque du Mans (1096-1125),
puis archevêque de Tours (1125-1133), l’auteur de la
Vita beate Marie Egyptiace, dont nous donnons ici la
première traduction française, fut l’une des
figures littéraires les plus importantes du Moyen Age:
pendant plusieurs générations ses vers furent lus
avec plaisir dans toute l’Europe occidentale; ses
lettres servirent de modèles dans les écoles
cathédrales et monastiques, pour leur élégance
et leur noble distinction, et ses traités de
philosophie morale et de droit canonique devinrent des
manuels universellement appréciés.
La légende de Marie l’Égyptienne, compte parmi
les figures du Moyen Age les plus connues et les plus
vénérées de celles qui illustrent
l’influence salutaire de Notre-Dame sur les plus grands
pécheurs; elle a contribué pour une part nullement
négligeable au développement du culte marial qui
prend son essor définitif en Occident partir de
l’époque carolingienne. Marie
l’Égyptienne n’est pas seulement
l’héroïne d’une parabole
« évangélique », mais le
personnage-clé d’un drame de la plus brûlante
actualité : non seulement elle incarne en sa personne
l’aspiration du monde féminin à rejoindre le
mouvement des nouveaux ermites de l’époque
d’Hildebert, mais elle intervient, en sa qualité
d’ermite, pour donner des conseils au monde monastique. Le
texte prend place dans la grande discussion de l'époque
d'Hildebert sur la hiérarchie des vocations monastiques et
leurs mérites respectifs, et sur les origines
érémitiques du monachisme chrétien.