Adémar de Chabannes, un des historiens les plus connus du
XIe siècle, a laissé à Saint-Martial de
Limoges, avant de partir pour Jérusalem où il est
mort en 1034, un remarquable dossier de textes divers. Ils
permettent de reconstituer sa formation, sa carrière
monastique à Saint-Cybard d'Angoulême, et ses
incroyables efforts pour promouvoir saint Martial au rang des
apôtres qui l'ont conduit à produire une
extraordinaire collection de faux.
La Chronique, composée entre 1025 et 1028, n'est-elle qu'une
œuvre de faussaire?
Ses deux premiers livres y rassemblent des ouvrages historiques
antérieurs, des origines troyennes des Francs à
Charlemagne, "compilation" sans doute mais dont le grand
mérite est de nous faire pénétrer dans le
scriptorium d'un historien de l'an Mil et de nous permettre
d'appréhender l'état des connaissances historiques
à cette époque.
La partie "originale" de la Chronique (Livre III, 16-70) s'appuie
sur des annales locales, sur la mémoire cléricale et
monastique et surtout sur l'inlassable curiosité d'un moine
à l'écoute des bruits qui lui viennent non seulement
de son pays - le Limousin, l'Angoumois, le duché d'Aquitaine
- au temps de Guillaume le Grand, des conciles de paix et des
guerres châtelaines, mais encore de toute la
Chrétienté et des terres d'Islam.
Aux yeux d'un historien critique, Adémar commet bien trop
d'erreurs et d'inventions. Il n'en reste pas moins qu'il a su
parfaitement nous transmettre les violences, les craintes et les
espoirs de son temps.