Un colloque international consacré à Sylvain
Lévi s’est tenu à Paris, du 8 au 10 octobre
2003, sous l’égide de l’École Pratique
des Hautes Études et de la Maison des Sciences de
l’Homme. Le présent volume en constitue les Actes.
Directeur d’études à l’École
Pratique des Hautes Études (de 1886 à 1935,
à la IVe et à la Ve section),
et professeur de langue et littérature sanscrites au
Collège de France de 1894 à 1935, Sylvain Lévi
(1863-1935) fut une haute figure de l’indianisme
français, à une époque où la philologie
sanscrite en était la discipline reine. Multipliant
apprentissages et domaines de recherche afin
d’appréhender de toutes parts la pensée
indienne, il construisit une œuvre considérable, au
rayonnement international. De même fut-il bâtisseur
institutionnel, posant aussi bien les fondements de
l’enseignement indianiste français que ceux de
l’Institut de civilisation indienne, créé en
1927. Parallèlement, dans les années 1880, Sylvain
Lévi rejoignit l’Alliance israélite
universelle. Élu à sa présidence en 1920, il
assuma cette fonction jusqu’à sa mort, en octobre
1935.
Le nom de Sylvain Lévi est connu. Paradoxalement, pourtant,
l’homme et l’œuvre sont aujourd’hui
frappés d’un relatif oubli. Pour tenter d’y
remédier, il était nécessaire d’adopter
le double point de vue des études indiennes et de
l’histoire sociale, tant il est vrai qu’en Sylvain
Lévi se conjoignent exemplairement le savant adonné
à sa recherche et l’intellectuel engagé,
l’un et l’autre animés du même
idéal d’humanisme et d’aspiration à
l’universel.
Ainsi a-t-on relu l’œuvre indianiste et orientaliste de
Sylvain Lévi, en s’efforçant d’en saisir
la diversité (théâtre, littérature,
études védiques, histoire des religions, bouddhisme,
philologie, philosophie, histoire), et pris la mesure de son
rayonnement international (Russie, Inde, Japon). On a
également examiné la place qu’il occupa dans le
monde intellectuel de la fin du xixe siècle et du
début du xxe. Deux thèmes ont
organisé cette réflexion : les approches
disciplinaires de l’orientalisme dans l’espace
francophone à l’époque de Sylvain Lévi
(philologie, histoire, anthropologie, sociologie); Sylvain
Lévi et les milieux juifs en France, de l’Affaire
Dreyfus à la Seconde Guerre mondiale.
Au terme de l’enquête, on se prend à penser
qu’elle pourrait être l’effet
différé de l’énergie militante que
Sylvain Lévi a continûment insufflée dans ses
travaux et dans sa vie. Comme on voit la roue du potier tournoyer
quelque temps encore, après que la main a cessé
d’en soutenir le mouvement.
Sanskritiste, Lyne Bansat-Boudon est directeur
d’études à la section des sciences religieuses
de l'École Pratique des Hautes Études, où elle
est titulaire de la chaire « Religions de l’Inde.
Rites et systèmes de représentation dans les textes
de l’Inde classique ». Membre de l’Institut
universitaire de France, responsable de l’équipe de
recherche « Le monde indien », elle consacre
l’essentiel de ses travaux au théâtre et
à la pensée esthétique, d’une part, au
Çivaïsme du Cachemire, d’autre part.
Théâtre de l’Inde ancienne, l’anthologie
qu’elle a dirigée dans la Bibliothèque de la
Pléiade (Gallimard, 2006), est son dernier ouvrage paru.
Roland Lardinois, sociologue au Centre National de la Recherche
Scientifique, membre du Centre d’études de
l’Inde et de l’Asie du Sud de l’École des
Hautes études en Sciences Sociales, travaille sur
l’histoire des savoirs sur l’Inde moderne
(xixe-xxe siècle). Il a publié
notamment, en collaboration avec G. Bongard-Levin et A.
Vigasin, Correspondances orientalistes entre Paris et
Saint-Pétersbourg (1887-1935), Académie des
inscriptions et belles-lettres, 2002.