Cet ouvrage se présente comme une
introduction d'histoire littéraire et doctrinale au premier volume
de l'édition critique des oeuvres de Hugues de Saint-Victor. Il
exploite les données fournies par l'étude de la tradition
manuscrite du De archa Noe et du Libellus de formatione arche, qui
aboutissent à une perception et à une reception renouvellées de ces
traîtés. Du premier ouvrage on a tenté, non seulement une histoire,
mais une préhistoire: car il a connu un stade oral, celui de
collationes dont on aura pu cerner au plus près le contenu avant de
reconstituer les procédés rédactionnels du maître victorin. Au cours de
ces entretiens du cloître une pédagogie de l'image avait été mise
en oeuvre, utilisée conjointement avec la parole. Et de même que la
parole donna naissance à une oeuvre écrite (le De archa Noe), de même
le dessin qui l'accompagnait est donné sous une forme littéraire,
par un écrit qui en livre les modalités concrètes de réalisation (le
Libellus). Le statut de cet écrit, longtemps incertain ou atypique, fut
originellement celui d'un appendice, distinct mais non disjoint du
De archa. Le Libellus est transmis par la tradition manuscrite en deux
états: une version brève et une version longue. Le réviseur en fut le
victorin lui-même, dont la psychologie d'auteur est ainsi pour une
part dévoilée. Un chapitre propose des compléments ou des précisions
touchant la datation relative des oeuvres du victorin. L'image
employée par maitre Hugues avait été support de ce que l'on
pourrait appeler exégèse visuelle. L'histoire du salut, telle
qu'elle est représentée dans la figuration de l'arche de Noé,
est méditée selon les trois sens scriptuaires médiévaux, qui
correspondent en outre à une série d'exercices spirituels, selon la
séquence lectio-meditatio-speculatio-contemplatio. Des considérations
d'herméneutique (l'image et plus proche de la res que le
verbum), une anthropologie spirituelle (passage du foris à l'intus)
et un programme ascé