Jusqu'ici, le De statu animarum
post mortem (CPG 7522) d'Eustrate de Constantinople (VIe s.)
n'était lisible que dans la vieille édition qu'en
avait faite Léon Allatius en 1655 et que la présente
édition critique est appelée à remplacer.
Eustrate n'est pas un nouveau venu dans la SeriesGraeca, puisqu'une autre de ses œuvres, la Vita
de son maître Eutychius (CPG 7520 ; BHG 657), patriarche
(controversé) de Constantinople, y avait déjà
été éditée par Carl Laga en 1992 (SG
25). Le texte nous est parvenu, par l'intermédiaire de deux
manuscrits (du Xe et du XIe-XIIe s.) - et d'un troisième qui
est une copie de l'un d'eux -, mutilé à la fin et en
quelques endroits corrompu. L'éditeur s'est efforcé
autant que possible de remédier aux déficiences des
manuscrits, dont l'apparat critique donne utilement toutes les
particularités, y compris orthographiques. Le De statu
animarum entend établir qu'après la mort, les
âmes ne perdent pas leur capacité opératoire.
La démonstration consiste à accumuler un nombre
considérable d'exemples, tirés de l'Ancien et du
Nouveau Testament ainsi que des Pères de l'Église,
illustrant le fait que des âmes humaines ont continué
d'agir réellement, par leur énergie propre,
après la mort du corps qu'elles avaient habité. Outre
sa valeur propre, le texte édité ici est donc
précieux comme source indirecte des nombreux textes
antérieurs qu'il cite abondamment, et pour lesquels il
précise chaque fois le nom de l'auteur et de l'œuvre
(parfois avec son incipit), ainsi souvent que le numéro du
livre ou du chapitre d'où l'extrait est tiré.
L'introduction de ce volume fait une large place à
l'étude de ces citations de textes patristiques, dont
Eustrate est un témoin à la fois très ancien
et très fidèle, quand il n'est pas la seule - ou
pratiquement la seule - trace laissée en grec par un texte
conservé de façon fragmentaire ou connu seulement par
son titre (comme c'est le cas, par exemple, pour plusieurs textes
de Cyrille d'Alexandrie, d'Eutychius de Constantinople ou
d'Eustathe d'Antioche, cités dans le traité
d'Eustrate). Il est donc hors de doute que les index
méticuleux qui accompagnent cette édition, ainsi que
la comparaison minutieuse, qu'on lira dans l'introduction, de tous
les extraits cités avec les éditions disponibles des
textes originaux, rendront de grands services. À son tour,
le De statu animarum a été cité au XIe-XIIe
s., période où fleurit le débat sur la
destinée des âmes après la mort et la question
du purgatoire, dans la Dioptra de Philippe le Solitaire et dans les
Chapitres sur les apories de la Sainte Écriture de Michel
Glykas. Ces témoignages sur le traité d'Eustrate sont
soigneusement examinés.
TABLE OF CONTENTS
Eustratius presbyter Constantinopolitanus — De statu animarum post mortem ( CPG 7522 ) — ed. P. Van Deun