- Pages: 405 p.
- Size:156 x 234 mm
- Illustrations:52 b/w
- Language(s):French
- Publication Year:2014
- € 60,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
- ISBN: 978-2-503-54470-0
- Paperback
- Available
- € 60,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
- ISBN: 978-2-503-56144-8
- E-book
- Available
"(...) un ouvrage très maîtrisé, jouissant qui plus est d’un soin remarquable apporté à son édition (avec plusieurs annexes, un glossaire complet, un impressionnant index de trente pages, et un riche cahier d’illustrations). Si les notions de «pureté» et de «pouvoir rituel » souffrent peut-être d’une trop grande polysémie pour être pleinement efficaces sur le plan d’une caractérisation comparative, gageons que la proposition de Nicolas Sihlé, arc-boutée sur un travail de recherche substantiel, représentera une référence stimulante pour les réflexions futures sur le fait et le champ religieux." (Guillaume Rozenberg, in: Archives de Sciences Sociales des Religion 172, oct.-déc. 2015)
La violence occupe une place paradoxale dans le bouddhisme tantrique tibétain. Alors que l’impératif éthique de ne pas nuire aux êtres est absolument central, l’activité rituelle comporte une face beaucoup plus sombre, une face de pouvoir et de violence : celle du repoussement et de la destruction du mal. Toute une machinerie rituelle est déployée pour écarter ou tuer des démons hostiles, voire des « ennemis » aux contours vagues – la magie noire n’est pas absente. De terribles divinités protectrices sont incitées à tuer, à battre, à réduire en morceaux… Comment comprendre l’importance de cette modalité violente dans le contexte bouddhique ?
La question est d’autant plus intrigante qu’il existe un type de spécialiste religieux tibétain fortement associé à ce versant problématique du domaine rituel : le ngakpa, ou tantriste. Contrairement au moine, ce religieux spécialisé dans les rituels tantriques ne prononce pas de voeux monastiques. Qui sont les tantristes, et comment comprendre qu’un spécialiste bouddhique soit associé à l’exercice de rituels violents ? Pour répondre à cette interrogation, l’auteur nous fait découvrir une communauté villageoise de tantristes située dans la bordure himalayenne du monde tibétain, dans une haute vallée du nord du Népal. Le regard anthropologique porté sur ces religieux et leur société, sur leurs rituels et leurs questionnements éthiques permet de faire émerger des éléments de cohérence qui sous-tendent l’association des tantristes à des rituels de violence. Cette contribution importante à l’anthropologie du bouddhisme tibétain apporte un éclairage nouveau pour penser la violence de l’exorcisme et, à travers la dualité du moine et du tantriste, les champs religieux marqués par la présence de différentes formes de spécialisation religieuse.
Nicolas Sihlé, ethnologue, est spécialiste du monde bouddhique et tibétain. Il a enseigné l’anthropologie à l’University of Virginia, aux États-Unis, et est chercheur au Centre d’études himalayennes du CNRS. Il a séjourné plus de trois ans dans des communautés tibétaines, dont un an et demi dans les hautes vallées himalayennes où prend place la présente étude.