Le Roman d'Aséneth était,
jusqu'il y a peu, désigné sous le titre de Joseph et Aséneth. Les
premières études relevant des "gender studies" ont toutefois
démontré la prédominance du personnage d'Aséneth par rapport à
celui de Joseph. Le titre de Roman d'Aséneth s'avère donc
justifié. L'appellation Joseph et Aséneth, qui ne provient pas des
manuscrits, marquait implicitement l'idée que ce texte appartenait
à la même sphère, pour ne pas dire au même genre, que celle illustrée
par des romans tels que Chairéas et Callirhoé, ou Habrocomès et Anthia,
pour ne citer que ceux-là. Le changement de titre qui a été adopté ici
indique donc d'emblée la parti pris (qui sera justifié plus loin)
de ne pas mette l'écrit sur le même pied qu'un roman
d'amour grec. Le Roman d'Aséneth fait partie de cette
littérature dite apocryphe ou pseudépigraphique qui pose tant de
problèmes aux chercheurs et aux simples lecteurs d'aujourd'hui.
Il suscite de nombreuses difficultés tant d'édition, de datation,
d'attribution et d'origine que d'interprétation. On
parvient même difficilement à donner à la question fondamentale des
buts poursuivis par son auteur anonyme une réponse entièrement
satisfaisante. Ainsi, ce petit récit plein de mystère ne cesse-t-il,
depuis la publication de ses éditions modernes, de faire l'objet de
nouvelles interprétations, suggestions, et analyses en tout
genre.