George Chastelain est surtout connu comme le premier indiciaire des ducs
de Bourgogne. Mais le chroniqueur de Philippe le Bon était également un
poète salué comme un maître jusqu'à la génération de Clément Marot. Son
oeuvre poétique n'égale certes pas l'ampleur de sa Chronique, mais elle
est riche en textes où la qualité de la diversification va de pair avec
la hauteur de la pensée. Dans cet ensemble, le Miroir de Mort est une
pièce remarquable et souvent peu remarquée, tant ce versant de sa production
a été délaissé par la critique, faute peut-être d'une édition sûre et
d'accès aisé.
Centré sur le thème de la mort, ce poème didactico-moral se présente comme la
parfaite synthèse des différentes expressions du macabre propre au XVe
siècle. Ainsi, le Miroir de Mort brasse les thèmes du contemptus mundi,
de l'ars moriendi, du pulvis es, de l'ubi sunt, des Neuf Preux et
Preuses avec une rare ingéniosité.
Ce poème intéressera les philologues et les historiens, mais aussi tous ceux
qui sont curieux des attitudes médiévales face à la mort. Il prouve que le
"Grand George" possédait une sensibilité qui le range aux côtés des poètes
de la densité verbale. Le Miroir de Mort est digne du grand indiciaire qui
fut aussi chef de file des "Grands Rhétoriquers".
Le Miroir de Mort reçoit ici sa première édition critique commentée, qui
recense l'ensemble des onze manuscrits connus.