"L'ensemble, clair et érudit, non seulement ouvre enfin un accès solide aux Enarrationes pour un public qui ne peut les lire en latin, mais constitue, par son apparail scientifique, un remarquable apport à la connaissance de ce commentaire sur les Psaumes, qui est d'une très grande richesse." (Rémi Gounelle, dans: Études théologiques et religieuses, 2014/1, p. 124-125)
Summary
Le volume 57 de la Bibliothèque Augustinienne,
fruit du travail commun de plusieurs spécialistes
d’Augustin, renferme le texte latin et une traduction
nouvelle des vingt-cinq premières Enarrationes sur
les Psaumes de celui qui devait être bientôt
l’évêque d’Hippone. La plupart sont de
véritables commentaires, et non des homélies, qui
permettent d’analyser la manière rigoureuse dont
l’ancien rhéteur abordait les textes ;
l’étude détaillée en a été
faite dans l’introduction générale.
Après avoir rappelé l’importance des psaumes
dans le christianisme ancien et dans la vie et la pensée
d’Augustin, cette introduction a examiné la question
de la datation des commentaires ; elle a aussi montré
qu’ils laissent transparaître toute la réflexion
qu’Augustin fait alors sur sa conversion une dizaine
d’années plus tôt et qui va ensuite
déboucher dans l’écriture des
Confessions. On a pris le parti de maintenir dans ce
volume les trois longues homélies sur les Ps 18, 21 et
25 qui sont venues plus tard doubler le commentaire primitif des
années 394-395. Il a en effet semblé qu’il y
avait plus d’inconvénients que d’avantages
à rompre avec une tradition remontant au haut
Moyen-Âge comme l’a fait la récente
édition CSEL 93/1A (Cl. Weidmann, Vienne 2003).
La révision du texte latin a bénéficié
des travaux de l’Académie de Vienne, sans en adopter
toujours les conclusions, jugées parfois contestables ;
la séparation du lemme biblique et du commentaire
opérée par Cl. Weidmann, notamment, a paru
insuffisamment justifiée, opérée de
façon assez aléatoire et apportant le plus souvent
plus de confusion que de clarté.
Travail à plusieurs mains, mais revu par un unique
réviseur pour en assurer
l’homogénéité, la traduction s’est
efforcée de rendre la rigueur avec laquelle Augustin use des
mots, notant les récurrences du texte biblique pour
élaborer son analyse, et répétant
lui-même dans son commentaire les termes qui lui paraissent
donner la clé du psaume ; on lui a emboîté
le pas, dans toute la mesure du possible. On s’est
particulièrement attaché à rendre le lemme
biblique en tenant compte des questions qu’il posait à
Augustin et de ce qu’il en dit dans la suite du
commentaire ; ce n’est pas une mince affaire, si
l’on songe que ce texte latin est une traduction du grec qui
lui-même traduisait l’hébreu : le latin qui
en résulte est parfois fort étrange pour Augustin
lui-même.
Chaque commentaire est précédé d’une
introduction spécifique qui fait valoir l’axe du
commentaire et ses idées essentielles ; de nombreuses
notes de bas de page visent à clarifier les points obscurs
du texte et à mettre en relief l’intérêt
du commentaire. Soixante-quatre notes complémentaires
fournissent en fin de volume des éclairages
nécessaires. On a notamment cherché à replacer
les affirmations de ces premiers commentaires d’Augustin dans
le reste de son œuvre, pour souligner
d’éventuelles évolutions ultérieures. On
a également tenu à comparer les
exégèses d’Augustin à celles de ses
devanciers, ce qui permet de mesurer tantôt sa dette à
leur égard, tantôt son originalité.
Tel qu’il est, ce volume constitue un ouvrage de
référence dont on n’a l’équivalent
ni en français ni dans les autres langues.