Book Series Études Renaissantes, vol. 38

Aemulatio Italorum. La réception culturelle des gravures de Mantegna dans l’art germanique au temps d’Albrecht Dürer

Anne-Sophie Pellé

  • Pages: 336 p.
  • Size:210 x 270 mm
  • Illustrations:0 b/w, 151 col.
  • Language(s):French
  • Publication Year:2023

  • € 90,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
  • ISBN: 978-2-503-60498-5
  • Paperback
  • Available


Une réflexion sur l’art de la Renaissance germanique au regard de l’émulation culturelle suscitée par les gravures d’Andrea Mantegna

BIO

Anne-Sophie Pellé est docteure en histoire de l’art, diplômée du Centre d’études supérieures de la Renaissance – Université de Tours et de la Ludwig-Maximilian-Universität de Munich. Spécialiste des arts graphiques et de l’art allemand à la Renaissance, elle a notamment contribué aux expositions françaises sur Albrecht Altdorfer (Musée du Louvre, 2020) et sur Albrecht Dürer (Chantilly, Musée Condé, 2022).

Summary

À la Renaissance, si le medium de la gravure permet désormais aux artistes de rivaliser entre eux à distance, dès la fin du xve siècle, la diffusion des modèles gravés par l’atelier du prestigieux peintre de cour des marquis de Mantoue, Andrea Mantegna, a suscité sur le territoire germanique une véritable émulation d’ordre culturelle, dans laquelle la question du rapport à l’identité occupe une place fondamentale. Dès lors, dans les images, deux paradigmes se dessinent : d’une part le Welsch, qui désigne ce qui est romain, de style à l’antique, et, plus généralement, italien ; d’autre part le Deutsch, qui renvoie à une tradition artistique et aux coutumes typiquement germaniques. Inscrite dans la problématique des transferts culturels, cette étude analyse, dans une approche résolument pluridisciplinaire, les différentes transformations iconographiques, formelles et stylistiques dont les motifs empruntés aux estampes de Mantegna ont fait l’objet ainsi que l’appareil rhétorique qui accompagne ces transformations pour mieux leur donner du sens (comparaison, parodie, dissimulation, etc.). De Dürer à Peter Vischer le Jeune à Nuremberg, de l’atelier de Daniel Hopfer à celui de Jörg Breu l’Ancien à Augsbourg, d’Hans Baldung Grien à Matthias Grünewald dans la région rhénane et en Alsace, d’Urs Graf à Hans Holbein le Jeune à Bâle, de l’atelier d’Altdorfer implanté à Ratisbonne à celui de Wolf Huber, situé à Passau : tous les centres artistiques et humanistes de la Renaissance germanique sont abordés.

TABLE OF CONTENTS

Introduction
I. Des milieux de cour en interaction
I.1. Ambition politique et préjugés culturels
I.2. Mobilités artistiques et transferts des savoirs
II. Une stratégie du secret
III. Des gravures en dialogue avec la culture humaniste
III.1. De l’héritage de Vittorino da Feltre au De pictura d’Alberti
III.2. Dans le sillage d’Homère, de Virgile et de Politien
IV. Mantegna dans les collections d’estampes germaniques
IV.1. Les marchands germaniques, entre Venise et l’Empire
IV.2. Les humanistes
IV.3. Les modèles gravés dans les ateliers d’artistes.
V. Un idéal hybride
V.1. Peindre, dessiner, écrire
V.2. Le Deutsch et le Welsch: une construction germanique
V.3. Germania vetus, Germania nova : le primitif et le civilisé
V.4. L’hybridité en crise chez Peter Flötner
VI. La réflexion anthropologique d’Albrecht Dürer
VI.1. L’expérience philosophique de la frontière
VI.2. « Woster serfitor, Alberto Dürer »
VI.3. Comparatio. La Nurembergeoise et la Vénitienne
VI.4. L’ ambiguitas du Welsch
VII. Dürer versus Mantegna : le topos germanique de la compétition artistique
VII.1. Un exercice de traduction
VII.2. La réminiscence d’Apelle
VII.3. Une compétition pour la postérité
VIII. Émulation et « nouvel art de peindre »
VIII.1. Les  gravures religieuses de Mantegna et la diffusion des principes d’Alberti
VIII.2. Compléter le manifeste : la Mise au tombeau conservée à Klosterneuburg
VIII.3. Un « nouveau Mantegna » : la Descente de croix de Hans Mielich
VIII.4. Les modèles mantégnesques et la construction perspective dans l’art germanique
VIII.5. La génèse d’Adam : Dürer, Peter Vischer le Jeune et le Bacchus de Mantegna
IX. De la transgression à la démesure: l’émulation jusqu’à l’excès
IX.1. Le raccourci comme expérience formelle et spirituelle chez Altdorfer
IX.2. Motus animi : les effets dramatiques extrêmes
IX.3. Au-delà de toute mesure: l’invention du corps extrême
X. Explorer les confins de l’âme : les gravures mythologiques de Mantegna et le thème de l’imagination
X.1. Le Combat des dieux marins, les Bacchanales et la problématique du fingere
X.2. Le thème du songe dans La Bacchanale à la cuve
X.3. Mantegna affabulateur: le principe de l’illusion perceptive
XI. La réception des estampes mythologiques de Mantegna et la diffusion du Néoplatonisme à Nuremberg
XI.1. Transférer la lyre d’Apollon au nord des Alpes : le cercle humaniste de la Poetenschule
XI.2. La gravure du Monstre marin d’Albrecht Dürer : une illustration de la théorie de la vacance de l’âme ?
XI.3. « Technè phantastikè » : Dürer et l’approche sophistique de l’imitation
XI.4. « Phantasia furens »: débordement poétique et enfer imaginal
XII. Pour une réception iconoclaste des estampes mythologiques de Mantegna
XII.1. Mutiler
XII.2. Dissimuler
XII.3. Renverser
Bibliographie
Textes sources
Littérature secondaire
Index des noms propres