Émotions de Dieu
Attributions et appropriations chrétiennes (XVIe - XVIIIe siècle)
Chrystel Bernat, Frédéric Gabriel (eds)
- Pages: 404 p.
- Size:156 x 234 mm
- Illustrations:12 b/w
- Language(s):French
- Publication Year:2019
- € 85,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
- ISBN: 978-2-503-58367-9
- Paperback
- Available
- € 85,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
- ISBN: 978-2-503-58368-6
- E-book
- Available
Si le grand mouvement d'histoire des émotions est maintenant très développé et reconnu, un angle mort persiste : il s'intéresse aux émotions des hommes, non à celles de Dieu. Tel est le cœur de ce volume qui couvre une période clef de la thématisation des passions.
« Ce livre, par les exemples qu’il donne, est donc très intéressant. » (Yves Krumenacker, dans Chrétiens et Sociétés XVIe – XXIe Siècles, 26 2019, p. 186)
"Les auteurs apportent ainsi un éclairage original sur le discours que les hommes tiennent sur Dieu à l’époque où dominent les logiques confessionnelles." (Jean Sénié, dans: Revue Dix-Septième Siècle, N° 293 (2021/4), p. 535)
« Bref, une passionnante évocation qui vient à point nommé à un moment de forte sensibilisation à tout ce qui concerne la vulnérabilité, et notamment celle de Dieu. » (Michel CASTRO , dans La Revue des Sciences religieuses, 96/1-3, 2022, p. 307)
Chrystel Bernat est maître de conférences en histoire du christianisme moderne (LEM, CNRS-EPHE). Elle travaille sur l'histoire intellectuelle de l'épreuve, les pratiques de piété militantes et l'homilétique protestante francophone (histoire de la pensée et des discours de combat, formes de l’engagement religieux des XVIIe et XVIIIe siècles).
Frédéric Gabriel est directeur de recherche au CNRS (IHRIM, ENS de Lyon). Il travaille sur la discursivité théologique du XVe au XVIIIe siècle et a publié avec Chrystel Bernat, Critique du zèle : fidélités et radicalités confessionnelles (France, XVIe-XVIIIe siècle), Paris, 2013.
Parler de Dieu suppose de lui attribuer des qualités qui montrent combien sa nature diverge de celle de l’homme. De sa perfection découlent notamment l’impassibilité et l’immutabilité. Dès lors, comment parler d’émotions de Dieu, puisque les mouvements, le dérèglement et l’altération qu’elles présument renvoient, dès l’Antiquité, à la faiblesse et à la passivité humaines ? Ces émotions divines traversent pourtant bien l’Ancien Testament, qui présente un Dieu tour à tour affligé, offensé, en colère, aimant et prenant pitié de ses créatures. Ces anthropomorphismes doivent-ils être lus de manière allégorique, comme la preuve d’une inadéquation sémantique et d’une intention pédagogique ? Est-ce parce que ce sujet résiste que le vaste courant d’histoire des émotions l’a délaissé ? L’implication affective du Fils a pourtant été décisive pour appréhender la spécificité chrétienne et l’empathie divine comme source de consolation suprême. Notre volume se situe à l’intersection de ce double angle mort thématique de l’histoire des émotions, et chronologique de l’histoire de la théologie de la souffrance de Dieu qui néglige l’époque moderne. Il propose d’élargir l’enquête aux gestes sociaux dans lesquels les émotions de Dieu sont impliquées. En quel sens peut-on parler d’émotions divines ? Par qui, dans quels cadres et à quelles intentions sont-elles mobilisées ? À quels titres sont-elles révélatrices de la difficulté à penser la divinité ? Les embarras narratifs, ontologiques, exégétiques et confessionnels auxquels donnent lieu ces émotions divines se déploient ici dans des cadres théologiques, homilétiques, littéraires, et plus largement oratoires, théâtraux et guerriers.
Chrystel Bernat, Avant-propos. Émotion et divinité : valeur heuristique d'un paradoxe doctrinal
Frédéric Gabriel, Introduction. Les émotions de Dieu : situation et histoire d’un problème
Piroska Nagy, Liminaire. Émotions de Dieu au Moyen Âge : de la passivité à la compassion
Première partie : Matrices bibliques et philosophiques, entre immutabilité de Dieu et anthropopathie
Gilbert Dahan, Les émotions de Dieu dans l’exégèse médiévale
Alberto Frigo, Affectiones Dei : les débats sur les passions divines dans la scolastique médiévale et postmédiévale
Brigitte Tambrun, Le Dieu des sociniens serait-il sujet à toutes les passions humaines ?
Laurent Thirouin, Quand il est parlé de Dieu à la manière des hommes : l’irritation de Dieu chez Pascal
Deuxième partie : Combats et justice : dynamiques de l’émotion divine
Véronique Ferrer, « Jamais le soleil radieux ne se courrouce » : l’interprétation confessionnelle de la colère divine dans le contexte réformé des persécutions (XVIe et XVIIe siècles)
Silvia Mostaccio, Dieu à la guerre. Les émotions de Dieu et la guerre de Quatre-vingts ans aux Pays-Bas espagnols
Chrystel Bernat, La dilection divine. Usages et enjeux d'une proximité élective dans la littérature pastorale huguenote en temps de persécution (XVIIe et XVIIIe siècles)
Troisième partie : Transpositions et mises en scène
Audrey Duru, Sensibilité divine et communauté émotionnelle dans la tragédie humaniste biblique : le Jephté latin de Buchanan (1554) et ses traductions françaises (1566-1601)
Claudie Martin-Ulrich, Les émotions de Dieu dans l’oraison funèbre de la Renaissance française : un cas d’école ?
Paula Barros, De la « sobre intempérance » divine à la sanctification des passions humaines : émotion et spiritualité dans l’Angleterre du premier XVIIe siècle
Frédéric Gabriel, La Passion comme mise en scène de l’émotion : rhétorique et christologie chez Jacques Biroat
Sébastien Drouin, Postface. Divines émotions humaines