- Pages: 328 p.
- Size:210 x 297 mm
- Illustrations:92 b/w, 23 col.
- Language(s):French
- Publication Year:2014
- € 95,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
- ISBN: 978-2-503-54885-2
- Paperback
- Available
Cette publication offre un aperçu historique du débat sur la vocation fondamentale de l’art: doit-il plaire ou enseigner?
En écrivant « Ceci n’est pas une pipe » sous l’image d’une pipe, Magritte s’inscrit en faux contre le concept de mimésis qui, depuis l’Antiquité, présente la peinture comme une copie du monde réel. Tout en polémiquant avec la mimésis, son tableau répond à une anecdote antique : selon Élien, les premiers peintres étaient contraints d’écrire à côté de leurs figures « ceci est un bœuf, ceci est un cheval », tant elles étaient méconnaissables. À l’époque moderne, la fortune de cette anecdote révèle l’existence d’un débat sur les inscriptions et leur utilité dans la peinture, débat aussi méconnu que le phénomène des inscriptions lui-même. Or ce débat, en apparence limité, renvoie à la vocation fondamentale de l’art: doit-il plaire ou enseigner? représenter ou signifier? En effet, l’inscription met en tension représentation et signification, pourtant indissociables dans la réception de l’œuvre d’art: ses partisans invoquent les nécessités de la signification, et ses adversaires celles de la représentation illusionniste. L’époque moderne est traversée par ces contradictions: d’un côté, la « modernité » postule l’autonomie de l’art et rejette les inscriptions comme un expédient archaïque; de l’autre, le rôle didactique des images paraît un enjeu crucial tant aux yeux des théologiens de la Réforme et de la Contre-Réforme, soucieux d’instruire les masses et de lutter contre l’hérésie, qu’auprès des institutions artistiques qui, de Louis XIV à la Révolution, veulent élargir le public de l’art pour le mettre au service de l’unité nationale. Cette préoccupation culmine à la veille de la Révolution française, pour se concrétiser bientôt lors de la création des musées: on met des étiquettes sous les tableaux. En suivant ce débat au fil de ses actualisations historiques, le lecteur sera libre de faire sienne la réponse de Magritte, ou de considérer la question comme toujours ouverte: devant une image, faut-il comprendre ce qu’elle représente? Quel est le rapport entre plaisir cognitif et plaisir esthétique? Le langage de l’art est-il irréductible à toute signification verbale?