Book Series Studies in European Urban History (1100-1800), vol. 39

Sociabilité urbaine et criminalisation étatique

La justice namuroise face à la violence de 1360 à 1555

Aude Musin

  • Pages: 204 p.
  • Size:178 x 254 mm
  • Illustrations:30 b/w
  • Language(s):French
  • Publication Year:2017

  • € 60,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
  • ISBN: 978-2-503-53439-8
  • Paperback
  • Available
  • € 60,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
  • ISBN: 978-2-503-55967-4
  • E-book
  • Available


BIO

Aude Musin est docteure de l'Université catholique de Louvain et chargée de recherche. Ses recherches s'intéressent au processus d'affirmation d'un pouvoir souverain dans les Pays-Bas méridionaux du XIVe au XVIIe siècles par le biais de l'exercice de la justice pénale. Elle étudie actuellement les mécanismes de monopolisation du droit de grâce par le prince au détriment des pouvoirs subordonnés, et les phénomènes de résistance à ce processus.

Summary

The study of violence under its different forms and its regulation in a town of the Low Countries, namely Namur, between the second half of the 14th century and the first half of the 16th century provides a renewed perspective on the problematic of the transition between “urban sociability” and “state criminalisation”. Urban communities developed institutions and original methods of regulation to control aggressiveness. Violent behaviours and the safeguard of peace between their members were the main focus of these communities. Later on, central authorities, in the framework of a developing State, brought their own means of framing violence. Violence gradually became the monopoly of authorities. This “legitimate” violence of the State became a way to discriminate the violence of populations. The violence in the town and its framing is a privileged field to address the construction of the Modern State, one of the main supports of which is justice.

Aude Musin is a post doctoral researcher of the F.R.S.-FNRS. Her research interests cover the long-term evolution of violence and its regulation in the medieval and early modern European society.


Si la ville médiévale apparaît souvent comme un lieu saturé de violence, elle fut aussi, et surtout, un lieu de pacification des tensions, grâce à l’action des autorités urbaines. Dans un souci de garantir l’ordre et la paix dans la cité, celles-ci développèrent des modes originaux de gestion des conflits, permettant un encadrement efficace de la violence. Les très riches archives judiciaires de la ville de Namur, dans les Pays-Bas, permettent d'approcher les formes et les modes de régulation de la violence à la fin du Moyen Âge, et les transformations subies par ceux-ci au cours des deux siècles que couvre cette étude.

Au XIVe siècle, les élites dirigeantes namuroises, qui exercent la justice dans la cité, fixent elles-mêmes les limites – très larges – de la violence légitime, elles peuvent décider de poursuivre ou non un homicide ou de pardonner à l’agresseur. La vengeance est notamment acceptée comme une motivation de la violence. Au cours du XVe siècle, cette faculté de pardonner aux homicides échappe au Magistrat urbain, au profit de l’officier représentant le prince dans le comté. Ce dernier se voit à son tour progressivement dénier ce droit de pardonner, le prince le revendiquant comme son privilège exclusif. Au terme du processus, il devient la seule autorité habilitée à permettre la réintégration des violents par l’octroi de sa grâce, et donc également à définir les limites de la violence légitime. Les modes de régulation urbains de la violence perdurent cependant concernant les violences légères.

Cet ouvrage met aussi en évidence le processus d’intégration d’une principauté périphérique à l’État bourguignon, par le biais de l’exercice de la justice. Cette intégration apparaît réussie, la seule ville du comté ayant peu résisté face à sa mise sous tutelle en matière de gestion de la violence. À l’aube de la première modernité s’opère donc un glissement d’une gestion des comportements violents par les justices urbaines fondée sur la réintégration des délinquants à la communauté, vers une volonté de l’État, en plein processus de développement, de s’assurer le monopole du contrôle des sujets. C’est ce passage de la "sociabilité urbaine" à la "criminalisation étatique" que ce livre se propose d’étudier.

TABLE OF CONTENTS

Préface

Introduction : Étudier la violence urbaine. L’exemple namurois

1.       Le terrain d’étude : la ville de Namur

2.       La justice namuroise et ses acteurs

3.       Sources et outils

4.       Conclusion

Chapitre 1 : Violence, vengeance et conciliation

1.       Une culture de la vengeance et de défense de l’honneur

2.       Sortir de la vengeance : la réconciliation des parties

3.       Conclusion

Chapitre 2 : Violence pour l’honneur, violence pour le vol. Une typologie de la violence

1.       Une dichotomie de la violence physique fondée sur la préméditation ?

2.       La violence pour l’honneur : beau fait et vilain cas

3.       La violence instrumentalisée

4.       Conclusion

Chapitre 3 : Les transformations de la violence urbaine de la fin du Moyen Âge à la transition vers la première modernité

1.       Évolutions quantitatives de la violence

2.       Les transformations internes de la violence

3.       Conclusion

Chapitre 4 : Les prémices de la criminalisation de la violence interpersonnelle à l’aube de la première modernité

1.       Les mesures de prévention

2.       Briser le cycle violent : la prise en charge des injures et des coups

3.       Sanctionner l’homicide : de la réintégration urbaine à la criminalisation

4.       Conclusion

Conclusion : les changements de la perception et du traitement des violences par les autorités judiciaires

1.       De la violence licite à la violence illicite

2.       De la violence comme une atteinte aux personnes à une atteinte à l’ordre public

3.       L’effacement de la victime

4.       Le déclin de la vengeance, un effet de source

5.       L’encadrement de la violence, un enjeu entre les différents niveaux de pouvoir

Bibliographie

1.       Abréviations

2.       Sources inédites

3.       Sources éditées

4.       Travaux

Annexes