Depuis la parution en 1998 de la
concordance lemmatisée de la Chronographie de
Théophane le Confesseur (IXe s.), et, en 2000, de celle des
œuvres complètes de Procope de Césarée
(VIe s.), les éditeurs du Thesaurus Patrum Graecorum
orientent leurs travaux d'exploration systématique du
lexique grec d'époque byzantine tant vers l'étude des
sources patristiques - pour lesquelles la collection a initialement
été créée - que vers celle des textes
historiographiques. Aujourd'hui, l'objectif poursuivi est
d'équilibrer peu à peu, en terme de nombre de mots,
la part du corpus patristique et celle du corpus historique.
L'analyse des Pères Cappadociens s'achèvera donc
prochainement avec la concordance de Grégoire de Nysse et,
parallèlement, la lemmatisation des sources historiques
situées chronologiquement entre Procope et Théophane
sera largement entamée.
L'historiographie byzantine présente deux
caractéristiques bien connues: tout d'abord, les
témoignages conservés offrent "une chaîne
ininterrompue de relation historique", pour reprendre les termes de
G. Ostrogorsky, chaque siècle et chaque souverain ayant,
à quelques rares exceptions près, son auteur ou sa
chronique; ensuite, les historiens partagent avec les Pères
du IVe s. le même goût et la même maîtrise
de la langue classique et de la rhétorique. Comme celles de
leurs prédécesseurs, leurs productions
récupèrent et transmettent une part de
l'héritage antique. Les deux directions définies ne
sont donc en rien antinomiques. Les enseignements qu'elles
apporteront contribueront à offrir l'image la plus
fidèle possible du lexique des Byzantins, objectif qui
sous-tend l'ensemble du projet depuis sa création.
Les volumes actuellement en préparation couvriront la
période qui s'étend du règne de Justinien
(527-565) à celui de Maurice (582-602). Ils traitent le
vocabulaire des textes d'Agathias de Myrina, de Ménandre le
Protecteur et de Théophylacte Simocatta. Le premier,
Agathias, reprend le récit de Procope là où ce
dernier l'avait laissé, c'est-à-dire en 552, et le
poursuit jusqu'à l'année 558. À ses cinq
livres d'histoire (60.000 mots) sont jointes ses épigrammes
(6.000 mots). Ménandre poursuit l'œuvre de son
prédécesseur jusqu'en 582, date de l'avènement
de Maurice. Seuls des fragments de son texte nous sont parvenus
(30.000 mots), conservés principalement dans deux des
compilations de Constantin VII Porphyrogénète
(913-959), le De Legationibus et le De Sententiis, et
dans la Suda. Enfin, Théophylacte conduit sa narration
jusqu'à la fin du règne de Maurice, en 602. Ses huit
livres d'histoire (63.000 mot) sont accompagnés de ses 85
lettres (8.000 mots) et de deux traités, les Quaestiones
Physicae (4.000 mots) et le De VitaeTermino
(3.500 mots).
Achevés, ces travaux permettront de constituer un index des
noms propres dont les données rejoindront celles fournies
dans les thesauri consacrés à Procope et à
Théophane. Les chercheurs bénéficieront ainsi,
en plus d'un inventaire lexical exhaustif des principaux historiens
du Haut Empire byzantin, d'un index onomastique et toponomastique
complet.
Bernard Coulie, professeur à l'Université catholique
de Louvain, est le directeur du Theaurus Patrum Graecorum et
l'auteur de plusieurs volumes de la collection. Alessio De Siena
est doctorand à l'Université de Lecce
(Italie).