Le Moyen Age, on le sait, est « créateur de
saints » et, dans une société pour
laquelle le visible n’était que le reflet de
l’invisible, le saint est le reflet de Dieu sur terre. Le
culte des saints constitue l’un des aspects essentiels de la
spiritualité.
Les Vies de saints rassemblées dans cet ouvrage relatent les
faits et gestes de saints ayant joué un rôle dans la
christianisation de l’Irlande (saint Patrick) et de
l’Angleterre (Grégoire le Grand, Augustin de
Canterbury) ou y ayant vécu entre le Ve et le
XIIe siècle. Elles ont été
écrites en vieil anglais ou en moyen anglais par des
religieux des Xe, XIe ou XIIIe
siècles.
A l’exception des vies de saints Guthlac et de saint Chad,
les Vitae rédigées en vieil anglais sont
l’œuvre d’Aelfric, sermonnaire et hagiographe,
disciple d’Aethelwold – ce dernier étant
l’une des grandes figures dominant la réforme
monastique anglaise du Xe siècle.
L’objectif d’Aelfric était de développer
la foi de ses contemporains et de rendre accessibles les textes
sacrés ou édifiants au plus grand nombre en les leur
présentant en langue vernaculaire. A cette fin, il
rédige les Sermones Catholici et les Lives of Saint
d’où sont extraites les Vitae présentées
ici (Etheldrede, Swithun, Oswald, Edmond, Grégoire,
Cuthberht).
Contemporain de la « Légende
dorée », le « South English
Legendary » est certainement l’un des plus riches
légendiers en anglais. Parmi les nombreux saints dont il
nous relate la vie, ont été retenus certains saints
anglais (Augustin de Canterbury, Dunstan, Thomas Becket, Edouard
l'Ancien) et celtes (Patrick, Brendan), d’une part parce
qu’ils couvrent toute la période du Haut Moyen Age
jusqu’au XIIe siècle, d’autre part
parce que ces Vitae témoignent d’une grande
diversité tant par leur longueur que par leur contenu qui
souvent va au-delà du simple récit hagiographique
stéréotypé, lorsque, par exemple,
l’histoire prend le pas sur la
« légende ».
S’éloignant du moule traditionnel des Vitae ainsi que
du contexte purement anglais, le récit des Sept Dormants
vient clore cet ouvrage sur une touche de merveilleux
chrétien.
Outre leur intérêt hagiographique et leur valeur
d’exempla, ces Vies de Saints constituent des sources
d’information non négligeables sur l’Angleterre
du Moyen Age, sur les évènements qui ont
marqué cette période et la perception du monde et de
l’au-delà qui prévalait à
l’époque.