Dans la culture du Haut Moyen Âge, la
musique est non seulement un art mais aussi une discipline du savoir.
Elle participe à ce titre de la connaissance du monde. Sous
l'influence des chantres et des musiciens, elle se mue au fil des
siècles en ars, décrivant, organisant et codifiant les pratiques sans
cesse renouvelées par ces " gens d'expériences " que sont
les musiciens. Les traités de musique véhiculent ainsi une
représentation du monde dominée par des canons mathématiques
d'inspiration pythagoricienne tout en affirmant la volonté de
rationaliser les pratiques musicales. Conformément à l'esprit de la
Typologie des sources du Moyen Âge occidental, cet ouvrage entend
donner une présentation raisonnée des traités de musique au Moyen Âge.
Le lecteur y trouvera une définition de ce genre d'écrits et un
aperçu de son évolution du IXe au XVe siècle. Une attention
particulière a été portée à l'histoire de la diffusion et de la
réception de ces textes, aux problèmes de critique (critique
d'attribution, datation et chronologie des écrits) ainsi qu'aux
outils spécifiques forgés par les auteurs des traités (vocabulaire,
diagrammes, supports mnémoniques, etc.). Cet ouvrage offre ainsi une
introduction substantielle aux concepts majeurs de la science de la
musique au Moyen Âge et se présente ainsi comme une sorte
d'accessus à la littérature médiévale consacrée à la musique. De
toutes les disciplines scientifiques du Moyen Âge, la musique est sans
doute, à ce jour, l'une des mieux explorées. On le doit à
l'effort de plusieurs générations d'éditeurs et au recensement,
aujourd'hui achevé, des sources manuscrites (publié dans les
volumes du Répertoire International des Sources Musicales [RISM], série
BIII). Cet ouvrage en tient compte ; il repose sur une abondante
documentation, non seulement sur les traités édités à ce jour, mais
aussi sur de nombreuses sources manuscrites décrites par ailleurs dans
les volumes du RISM.