Le château

L'historien, surtout lorsqu'il a fait l'effort de se familiariser avec l'ar- chéologie monumentale, considère le château comme une source de connaissance. Par le nombre, la densité, la répartition, la date des constructions ou des vestiges qui parèment un territoire, il peut se faire une idée de l'implan- tation du régime seigneurial, de son émiettement, du genre de vie de la classe nobiliaire. Il peut pousser ses recherches sur l'art de bâtir, en- visager les techniques et let matériaux, suivre les progrès du confort et des commodités de l'existence. Surtout, il peut replacer chacune des forteresses dans l'évolution de l'histoire militaire et mesurer le rôle qu'elles ont joué à une époque où la prise d'un château affaiblissait un prince alors qu'une bataille rangée pouvait décider de la perte d'une province et de l'effondre- ment d'un pouvoir. En dépit de la difficulté qu'il y a à dominer cinq siècles et tout un continent, les autres ont essayé de dégager les grandes lignes d'une évolution et sur ces lignes de replacer des types significatifs. Le lecteur s'apercevra très vite que la combinatoire des différents éléments de la défense et de la résidence est relativement élémentaire et que les pro- grès tiennent plus aux détails innovants qu'aux conceptions d'ensemble. C'est pourquoi cette typologie tentera de mettre en évidence la dialectique de l'enceinte-bouclier et de la tour d'habitation.