Contre le fatalisme des astrologues ou
contre les théories du hasard, contre le déterminisme gnostique ou
contre l'irrévocabilité des anathèmes ecclésiastiques, contre
l'arbitraire despotique, aussi, Origène a constamment défendu le
pouvoir de la volonté libre, au détriment de sa tranquillité
personnelle et, pour finir, au péril de sa vie. Si l'autonomie de
la conscience morale et les prérogatives de la raison sont illustrées
par ses actes, la liberté est encore au centre de sa réflexion sur
l'homme, sur Dieu et sur le monde. Il en traite en homme
d'Eglise, quand il déduit l'existence de la liberté de la
doctrine du jugement divin. Il la façonne en inventeur de mythes
féconds et fascinants, quant il en fait une pièce maîtresse du système
destiné à éclairer l'aventure des êtres raisonnables, où la liberté
est à la fois dangereuse et salvatrice. Les arguments du philosophie et
ceux du théologien convergent pour distinguer le libre-arbitre de
l'homme et la liberté de Dieu. L'interprète des Ecritures
trouve dans la Bible les exemples innombrables des choix faits par les
acteurs humains. Il s'y heurte aussi à des difficultés.
L'avocat de la liberté décuple les talents de l'exégète dès que
la lettre des écrits inspirés semble fournir des armes aux adversaires,
qu'il s'agisse des récits de l'Exode sur
l'endurcissement de Pharaon, auxquels fond écho des paroles de
Paul, ou des textes évangéliques sur l'aveuglement produit
délibérément par le tour des paraboles. Le travail de Georges Lekkas
est unique, en ce qu'il construit une thèse qui suit parfaitement
le rythme de l'élaboration origénienne et qui décrit
l'évolution progressive du réseau argumentatif, depuis une
structure inaugurale, celle de la création primitive, jusqu'à un
accomplissement ultime, perceptible dès la représentation de
l'entre-deux, le lieu d'exercice du libre-arbitre.