C'est au XIe siècle que l'abbaye de Gorze a connu
son apogée: richesse matérielle, spiritualité,
culture et vie intellectuelle en font alors un des plus importants
centres monastiques d'Occident. L'ouvrage d'Anne Wagner
réévalue la place de Gorze dans le monachisme et
l'Église du XIe siècle entre souverains,
évêques et laïcs. Il y eut Gorze après
Gorze, comme on parle de Cluny après Cluny. La Gorze, que
les historiens citent volontiers est celle du Xe
siècle, celle de Jean de Vandières, l'un des plus
fervents animateurs de la réforme de 934, celui dont la Vie
nous permet de toucher du doigt et de comprendre l'activité
monastique de cette abbaye lorrain. Mais il y eut encore le
siècle qui suit, mal connu et pourtant décisif lui
aussi. C'est à celui-ci qu'Anne Wagner s'est
attaquée, pour tenter d'analyser ce que fut l'impact de
cette réforme lotharingienne dans l'Empire des Ottoniens et
des Saliens. Le grand mérand mérite d'Anne Wagner a
été d'accepter d'etudier le Gorze discret du
XIe siècle au lieu du brillant Xe, de
lire entre les lignes du catalogue de la bibliothèque, de
parcourir avec minutie les sources impériales qui peu ou
prou parlaient de Gorze. Elle a fait oeuvre utile, car elle
établi sur des bases solides l'histoire d'une des plus
belles abbayes de Lorraine et d'Empire, pour le plus grand profit
de notre connaissance du monde bénédictin.