Liber sacramentorum Gellonensis

Les liturgistes apprendront avec plaisir la parution du fameux Liber Sacramentorum Gellonensis, depuis si longtemps annoncée et toujours retardée. Depuis le temps des Mauristes, ce manuscrit latin 12048 de la Bibliothèque Nationale de Paris semblait frapper d'une commune malédiction ses éditeurs successifs, tous décédés avant la fin de leur long travail.
Toute crainte maintenant dissipée, ce retard n'est plus à regretter, puisqu'il a permis de réaliser une édition remarquable, fruit d'une large collaboration entre trois moines bénédictins de l'abbaye d'Hautecombe, la Bibliothèque Nationale de Paris et les Editions Brepols de Turnhout, sous la direction de Dom Antoine Dumas, de la Congrégation du Culte Divin au Vatican. L'ouvrage comprend deux volumes:
1. le texte et son apparat critique, précédés d'une brève présentation, forment le contenu du premier tome (CCSL 159), par Dom Antoine Dumas;
2. un volume annexe (CCSL 159A) contient l'importante introduction et la table synoptique par Dom Jean Deshusses, éditeur du Sacramentaire Grégorien, et les index de Dom Benoît Darragon, champion des patients travaux dits "de Bénédictin". Ce second volume contient également 113 reproductions en couleurs des plus belles pages et lettrines enluminées du manuscrit qui, au plan artistique, font son intérêt et sa valeur par l'originalité des dessins accordés au sens des textes et par la vivacité des coloris.
Copié et illustré dans la dernière décennie du 8^e siècle dans un monastère du nord de la France, à une époque où le règne de Charlemagne arrivait à son apogée et où, après l'arrivée des livres romains, un gros effort était accompli pour unifier l'empire par une liturgie commune imposée aux églises franques et alignée sur celle de Rome, le Gellone se présente comme l'unique représentant du recueil primitif connu sous le nom de "Gélasien du 8^e siècle" ou "Gélasien franc". À ce titre, il présente de nombreuses et très importantes particularités liturgiques.
Apporté en 804 par Guillaume d'Aquitaine dans son abbaye de Gellone, le précieux manuscrit avait disparu jusqu'au 17^e siècle, où on le retrouve à Paris dans l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, puis à la Bibliothèque Nationale après la Révolution française. C'était le devoir et l'honneur des moines bénédictins d'avoir pu enfin mettre son édition à la disposition des experts et des chercheurs, tant en liturgie qu'en histoire de l'art.

Sacramentaria Romana (appendix) — Sacramentarium Gellonense (introductio, tabulae et indices) ( CPL 1905c ) — ed. A. Dumas, J. Deshusses