"Felicito muy sinceramente al autor, que ha cubierto con su sabiduría un gran vacío en un periodo convulso de la historia medieval hispánica y en la historia del arte, y ha desentrañado y resuelto muchos problemas candentes."
(Ángela Franco Mata, in Mélanges de la Casa de Velázquez, Nouvelle série 41/1, 2011, p. 268)
Summary
Contrairement à ce que l'on pourrait attendre, il n'est,
dans cet ouvrage, pas tant question des morts que des vivants, des
survivants. Le rôle particulier joué par le souverain
dans les institutions médiévales fait que sa mort
échappe à la dimension intime, familial, pour devenir
publique. Dès 1063, elle devient, avec Ferdinand
Ier de León, l'objet d'une véritable mise
en scène sur plusieurs jours, caractère qu'elle ne
perd plus dès lors, du moins dans les textes, que ce soit
pour glorifier le défunt (ainsi de Jacques Ier
d'Aragon ou, surtout, de la mort chevaleresque entre toutes de son
père Pierre II à la bataille de Muret) ou au
contraire pour le décrier (ce que font les textes castillans
évoquant la fuite éperdue de l'aragonais Alphonse le
Batailleur).
Pour les souverains, la mort est aussi une transformation du
statut, un passage vers un autre état, celui à la
fois de modèle pour ses successeurs et de fondement de la
légitimité du royaume. L'élection de
sépulture voit ainsi s'affronter deux logiques, celle,
commune à l'ensemble de la noblesse des XIe,
XIIe et XIIIe siècles, de la famille
et de la piété personnelle d'une part, et celle de la
légitimité dynastique et de l'affirmation
territoriale de l'autre. Les royaumes de la péninsule
ibérique, aux frontières perpétuellement
mobiles entre le règne de Sanche le Grand et ceux de
Ferdinand III en Castille et León et de Jacques
Ier en Aragon, le reflètent pleinement,
succession de fondation de lieux de sépultures royales et de
transfert de celles-ci, où la présence du corps d'un
souverain en un royaume est source de légitimité pour
les souverains, mais aussi de préséance pour un
souverain sur son voisin, et où, au contraire, un souverain
ayant, aux yeux de sa noblesse ou de son successeur, failli peut,
comme Sanche VII de Navarre, se voir exclu de la nécropole
royale.
La péninsule est, aux XIe et XIIe
siècles, un lieu d'expérimentation tant pour
l'organisation des sépultures, qui là encore voit
s'affronter logique familiale et logique politique, que pour leur
forme, renforcée par la réticence quasi
généralisée des souverains (à
l'exception de Ferdinand II et d'Alphonse IX de León)
à la forme du gisant. Dans l'un et l'autre domaine, ces
recherches hispaniques furent source d'inspiration au
XIIIe siècle pour les dynasties capétienne
et plantagenêt et pour la noblesse qui les entourait,
notamment par le biais des mariages entre les grandes familles de
l'un et de l'autre côté des Pyrénées,
occasion, tout particulièrement à la fin du
XIIe siècle et au début du
XIIIe siècle, d'un resserrement des liens entre
les dynasties de l'Europe occidentale.
En cela, les monuments funéraires des rois de la
péninsule ibérique qu'étudie cet ouvrage sont
non seulement des oeuvres d'art d'une qualité parfois
exceptionnelle, mais aussi des témoins
privilégiés à la fois de la nature de la
royauté dans la péninsule ibérique et de liens
tissés entre ici-bas et au-delà bien plus complexe
que ne le laissent apparaître les seuls textes
théologiques.