Saint Roch. L’évêque, le chevalier, le pèlerin (VIIe-XVe siècle)
Pierre Bolle
- Pages: 953 p.
- Size:178 x 254 mm
- Illustrations:62 b/w, 122 col., 77 tables b/w., 7 maps b/w
- Language(s):French
- Publication Year:2023
- € 145,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
- ISBN: 978-2-503-59662-4
- Hardback
- Available
Saint Roch de Montpellier, de l’évêque historique au pèlerin thaumaturge en passant par le paladin. Quatorze siècles de transformations hagiographiques inscrites dans la liturgie, les archives, l’iconographie, la fiction et l’érudition.
"Several decades in the making, with almost 1000 pages and over 1600 footnotes, this book is the fruit of a lifetime of work on one figure: the popular medieval Saint Roch. (…) This book is an impressive achievement, unearthing thousands of pieces of the Saint Roch puzzle, many of them hidden away for centuries in incunables, manuscripts, local archives, and tiny mountain chapels. Bolle constructs coherent and intersecting lines of argument, analyzing in extraordinary detail and depth the myriad methods employed by a vast cast of characters that came together in order to fabricate this saint and his cult." (Renate Blumenfeld-Kosinski, in The Medieval Review, 24.05.02)
“Eine glänzende, beeindruckende Arbeit, die auf lange Sicht hin den "state of the art" hagiologischer Untersuchungen repräsentieren dürfte.” (Ralf Lützelschwab, in Sehepuntke, 7/8, 24, 2024)
Pierre Bolle est médiéviste, docteur en Philosophie et Lettres et membre du centre de recherche Sociétés Anciennes Médiévales et Modernes de l’Université Libre de Bruxelles. Il a voué la plus grande part de son activité scientifique à l’hagiographie et en particulier au culte de saint Roch, objet de sa thèse et de plusieurs contributions remarquées.
En ne retenant des deux Vies de saint Roch publiées par les bollandistes que ce qui s’accordait avec l’Histoire, en dépit de leurs incohérences, l’érudition s’était employée jusqu’ici à construire la « biographie vraisemblable » d’un pèlerin thaumaturge de la deuxième moitié du XIVe siècle. Outre de nouvelles vitae, l’auteur investigue de manière exhaustive toutes les autres dimensions négligées d’un dossier hagiographique complexe : celles de la liturgie, des archives civiles, des reliques et de l’iconographie. Il en publie et analyse un corpus exceptionnel de documents inédits, dont certains précèdent les récits de plusieurs décennies. Il en ressort une figure inattendue et bien différente de celle qui résultait du traitement traditionaliste et trop exclusif des documents littéraires. Elle s’enracine dans celle d’un évêque mérovingien d’Autun, se « rénove » sous l’effet de la peste dans la liturgie languedocienne de la fin du XIVe siècle, puis se dédouble dans l’iconographie italienne de la première moitié du XVe siècle. Elle s’inscrit enfin dans un roman du dernier tiers du siècle, plusieurs fois remanié, que le nouveau vecteur de l’imprimerie propulsera à travers toute l’Europe, en deux décennies à peine. Cette vaste enquête heuristique, conçue dans le strict héritage de l’hagiographie critique, apporte encore une contribution méthodologique et épistémologique originale à la stemmatique des réécritures, à l’étude des faux « vols pieux » de reliques et à l’exploitation de l’iconographie. Elle entend aussi alimenter la réflexion sur la notion de dévotion populaire et sur les phénomènes et les groupes sociaux qui la génèrent.
Publié avec le concours de la Fondation Universitaire de Belgique,
de la Fondation André Vauchez (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres),
et du Centre d’études médiévales de Montpellier (Université Paul Valéry Montpellier 3)
Préface de Guy Philippart
Introduction : un saint paradoxal
I. L’historiographie : la fabrication d’une biographie vraisemblable
A. Les Acta Sanctorum et le commentaire de Jan Pien (Pinius)
B. Cornelius Flaminius : la scuola et le rapt des reliques
C. Montpellier : un prosélytisme tardif
D. La « nouvelle chronologie » ou la foi dans les Acta Breviora
E. L’assimilation de la « nouvelle chronologie »
F. Les travaux récents, l’intérêt pour l’expansion du culte et son contexte
G. Quelques monographies régionales ou locales
H. Les cahiers de la Scuola Grande
I. La « nouvelle chronologie » et son pilier : le statut des Acta Breviora
J. Les impasses de la méthode traditionaliste : l’introuvable biographie
K. Conclusion
II. Le dossier littéraire : fusion, réécritures et rationalisations
A. La Vita sancti Rochi
B. La descendance de la Vita sancti Rochi : la Vie en moyen français de Jehan Phelipot
C. Les autres descendants de la Vita sancti Rochi
D. L’Anonyme allemand
E. Les Acta Breviora
F. Adaptations et traduction des Acta Breviora : bas allemand, néerlandais et islandais
G. Quelques inclassables
H. L’exploitation du matériau littéraire connu avant 2004
I. Le Poème italien redécouvert en 2004 : saint Roch repart vers l’Angleterre
J. La seconde découverte de 2004. Dal Bovo : un saint Roch Anglais
K. Le travail sur le sens : le « degré d’invraisemblance »
L. Le travail sur la forme : une nouvelle analyse synoptique
M. Conclusion
III. Le dossier documentaire : Tempeste et peste
A. Liturgie et archives françaises
B. Liturgie et archives italiennes
C. Au nord des Alpes
D. Conclusion : un saint rénové en Languedoc et dédoublé en Italie
IV. Les reliques : rumeurs, faux et ratures
A. Enjeux, formes littéraires et versions
B. La tradition vénitienne. Chroniques et martyrologes.
C. La version du « vol pieux »
D. La version arlésienne
E. Conclusion
V. L’iconographie : la préhistoire du saint pèlerin
A. La France : un évêque disparu et un pèlerin tardif
B. L’Italie : le chevalier et le pèlerin
C. Au nord des Alpes : l’importance de l’imprimerie
D. Conclusion
VI. Conclusion générale
A. Vertus et limites de la grande synthèse
B. Heuristique et méthode
C. Processus à l’œuvre et mentalités
D. Poursuivre la recherche
VII. Annexes documentaires
A. Vitae, éditions, stemmatique et méthode de Froger
B. Sources liturgiques ayant trait à Roch évêque
C. Délibérations du Conseil des Dix et Scuola Grande di San Rocco (1478-1499)
D. Scuola Grande Arciconfraternita di San Rocco. Actes relatifs aux reliques
E. Liber provisionum de Voghera, 1483. Vente des reliques par le frère Theotonicus
F. Remise des reliques des trinitaires d’Arles aux trinitaires de Grenade, 2 juin 1501
Épilogue