Émergences du Chant Grégorien : Les strates de la branche Neustro-insulaire (687-930)
Jean-François Goudesenne
- Pages:2 vols, 588 p.
- Size:216 x 280 mm
- Illustrations:98 b/w, 6 col.
- Language(s):French
- Publication Year:2019
- € 155,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
- ISBN: 978-2-503-57978-8
- Paperback
- Available
Genèse du chant grégorien dans les aires culturelles européennes (700-950).
« Les deux volumes sont dotés d’une pagination continue, et l’édition et la typographie, dignes des meilleures habitudes de Brepols, en font un ouvrage agréable à manier. » (Daniel Saulnier, Revue de musicologie, 106/1, 2020, p. 237)
“(…) the content is firmly documented and theses thoroughly discussed throughout the three hundred and four pages of the first - separate - part, and with a rich second part with appendices which complements and illustrates the author's postulations in the first one (...) superb edition and wide scope research.” (Rosy and Amine Beyhom, in NEMO-online, 8/5, 2019)
“El cant gregorià, matèria d’estudi dels dos volums de Jean-François Goudesenne, és part imprescindible de la valuosa herència de la gran tradició litúrgica de l’Església romana, que va tenir difusió als països de l’Europa occidental: un patrimoni unificat després de la Renaixença carolíngia.” (Maria Incoronata Colantuono, in Medievalia, 23/2, 2020, p. 135)
« (…) ’on ne peut qu’éprouver à l’égard de l’auteur, et à l’admiration qu’on a devant l’ampleur et la nouveauté de son livre – un beau livre, dans tous les sens du terme. » (Stéphane Lebecq, dans Cahiers de civilisation médiévale, 261, 2023, p. 107)
Depuis 1999, Jean-François GOUDESENNE est chargé de recherche à la section de musicologie de l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes (CNRS), fondée en Orléans par Michel Huglo en 1979. Il se spécialise dans le domaine des chants liturgiques latins de l’époque carolingienne. Après l’étude des historiae de la Province de Reims (Brepols 2002), l’édition de l’office de saint Denis et le fac-similé d’un antiphonaire de Saint-Omer, suivis de nombreux articles de colloques (dont Cantus Planus) et de revues, il a passé de nombreuses années au catalogage des fonds de manuscrits des bibliothèques du Nord de la France, et aux recherches sur le chant grégorien et sa transmission dans l’espace Nord-Ouest européen. Il anime séminaires et stages de musicologie médiévale, dans une perspective souvent interdisciplinaire autour de la liturgie et de l’histoire des arts, au Centre Européen de Conques, à Chartres, Tours et Paris, en partenariat avec des collègues chanteurs et directeurs d’ensembles spécialisés dans les musiques médiévales.
Soucieux de réconcilier l'érudition « grégorienne » avec les travaux des liturgistes et des philologues, Jean-François Goudesenne scrute dans la genèse du chant « grégorien » l'hypothèse d'une première phase franco-insulaire, enracinée dans l'ancienne Neustrie mérovingienne, vivifiée par les apports monastiques irlandais et anglo-saxons, en lien à l'époque carolingienne avec des foyers piémontais et lombards. Une hypothèse qui permet de reconstruire la genèse d'un grégorien décliné au pluriel : comme la minuscule caroline, le cantus fut « fabriqué » telle une mosaïque, par étapes successives et non depuis un centre unique ; une telle diversité, malgré tout unifiée, induit plusieurs matrices. Les multiples interférences de l'oralité sur l'écriture, la nature spécifique des textes chantés comme la fonction des manuscrits liturgiques permettent de déceler ses réécritures successives, dégagées des dogmes hérités d'une vision néo-lachmanienne de « l'original unique », à deux branches opposées, dont la lotharingienne et l'alémano-germanique ont été largement favorisées, depuis la période ottonienne jusqu'à l'édition Vaticane. Grâce aux ressources exceptionnelles de l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes et des programmes menés depuis plus de quinze années, il revisite les aires culturelles européennes en inscrivant « l'émergence grégorienne » dans une acculturation évolutive, selon un schéma généalogique plus complexe qu'une simple transmission linéaire. Une posture lentement construite à partir d'un vaste corpus, desservie par un large panel de sources dans l'espace de l'Imperium et la profondeur de la transmission longue. Indépendant des méthodes des entreprises solesmiennes de la première moitié du xxe siècle comme des restitutions de l'école post-cardinienne ou encore de cette théorie d'un improbable « antiphonaire de Charlemagne » de Levy, il s'inscrit plus volontiers dans la lignée des travaux de Treitler, Van der Werf, Bernard, Saulnier et Jeffery. L'abandon du « mythe grégorien », des notions équivoques d'auteur et de texte ouvre de véritables perspectives pour ces répertoires « en transition » entre modèles romains, insulaires, francs et italiques, avecdes usages locaux plus différenciés qu'une « nouvelle histoire » du cantus ne pourra plus ignorer.