Book Series Les Études du RILMA, vol. 7

L'imitation de l'Antiquité dans l'art médiéval (1180-1230)

Laurence Terrier Aliferis

  • Pages: 343 p.
  • Size:210 x 297 mm
  • Illustrations:359 b/w
  • Language(s):French
  • Publication Year:2016

  • € 150,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
  • ISBN: 978-2-503-55317-7
  • Paperback
  • Available


Approche renouvelée des rapports entre l’Antiquité et le style 1200, courant antiquisant qui se développe au nord des Alpes, à travers les types de modèles utilisés par les orfèvres, les sculpteurs et les peintres médiévaux ainsi que les modalités de l’imitation des œuvres du passé.

Review(s)

“[It] is a rich and thoughtful volume. Terrier Aliferis provides a painstaking and precise analysis of works and their precedents, and, importantly, admits when sources do not exist or are not exact. The book is generously illustrated (…) the numerous details allow the reader to closely corroborate the author’s comparisons. The correlations are indeed compelling (…) L’imitation de l’Antiquité dans l’art médiéval is an important contribution to this complex subject; it presents a new, subtle take on a well-known problem and creates a strong foundation for further study.” (Heidi Gearhart, in College Art Association Reviews, 20 April 2018)

« C’est en définitive une étude fort utile que nous propose Laurence Terrier Aliferis, faisant le point sur les modalités de l’imitation de l’Antiquité à une période charnière du Moyen Âge, assortie d’un riche dossier iconographique que tout médiéviste consultera avec profit. L’analyse est intelligente, les comparaisons proposées sont convaincantes, bien que la subjectivité du lecteur puisse le faire adhérer plus facilement a certaines qu’a d’autres ». (Térence le Deschault de Monredon, dans la Revue belge d’archéologie et d’histoire de l’art, 87, 2018, p. 234)

« (…) l’ouvrage (…) démontre le bénéfice que l’on peut retirer d’une excellente connaissance des sculptures antiques pour la compréhension des œuvres médiévales. Il clarifie la complexe alchimie personnelle produite par chaque artiste au départ de sa formation et des modèles antiques et byzantins qui étaient à sa disposition. Il offre enfin une solide explication au succès des formes antiques et à leur disparition à partir des années 1230. » (Marcello Angheben, dans Cahiers de civilisation médiévale, 60, 2017, p. 539)

« Quoi qu’il en soit, on saluera l’ampleur des corpus antique et byzantin examinés ici et la minutie des comparaisons stylistiques. Grâce à ces qualités, L’imitation de l'Antiquité dans l’art médiéval (1180-1230) intéressera aussi bien le curieux en quête d’une bonne synthèse sur la production singulière des années 1200 que le chercheur en histoire de l’art médiéval ou antique. » (Charlotte Tassin, dans L'Antiquité Classique, 88, 2019, p. 484)

« Plusieurs qualités sont à porter au crédit de cet ouvrage. Il convient de souligner, en premier lieu, la finesse de l’analyse livrée par l’A. Son enquête, axée sur la recherche de modèles et la compréhension des modalités de ce retour à l’Antiquité, a permis de caractériser le phénomène « 1200 » et de mettre en exergue son originalité par rapport aux mouvements de « Renaissance » l’ayant précédé ou suivi. Abordant la problématique de la localisation et de la visibilité des œuvres antiques, l’A. démontre en outre l’emploi de modèles locaux par les orfèvres, les sculpteurs et les peintres, ainsi que la diffusion des formes développées par ceux-ci au gré de leurs déplacements de chantier en chantier. Remarquons, également, les qualités éditoriales de l’ouvrage ; l’abondant dossier photographique qui l’accompagne le recommande tout particulièrement à la lecture. » (Aleuna Macarenko, dans Le Moyen Âge, 125/1, 2019, p. 271)

 

Summary

Entre 1180 et 1230, un style particulier se met en place au nord de l’Europe dont les caractéristiques principales font écho à l’art antique. Le style 1200 est un phénomène bien connu, étudié depuis quelques décennies et les rapports avec l’Antiquité ont souvent été mis en avant. Toutefois, peu de modèles antiques spécifiques furent proposés et les questions de la localisation des œuvres imitées ainsi que les modalités et les intentions du processus d’imitation n’ont pas été résolues. Notre travail propose une vue d’ensemble du style 1200 en focalisant l’étude sur les types de modèles antiques observés par les artistes dans les années autour de 1200. Nous pouvons conclure à l’observation de vestiges proches des lieux d’activités des artistes, en Gaule et en Germanie, et établir des critères esthétiques à l’origine de ce mouvement antiquisant.

Après un développement historiographique des recherches abordant les liens entre l’Antiquité et le Moyen Âge et le Style 1200, nous proposons un premier chapitre sur la notion médiévale d’imitation dans les arts du Moyen Âge en nous servant du carnet de modèle de Villard de Honnecourt pour comprendre ce qui intéresse les artistes vers 1200 et la manière dont ils interprètent leurs modèles. Nous problématisons également les rapports avec le monde byzantin, puisque ceux-ci ont souvent servi à expliquer les tendances classicisantes dans l’art autour de 1200.

Le corps de notre travail s’articule autour de trois chapitres principaux (2, 3, 4) divisés par technique (orfèvrerie, sculpture et peinture). Cette répartition correspond au développement chronologique du Style 1200, qui apparaît vers 1180 en orfèvrerie, avant de se diffuser en sculpture puis en peinture avant le tournant du siècle. Le chapitre 2, consacré à l’orfèvrerie, fait une large place aux célèbres réalisations de Nicolas de Verdun, en étant précédé d’une partie dévolue à l’art mosan du XIIe siècle avant 1180. La forte influence exercée par Nicolas de Verdun dans la région de la Meuse, à Cologne et à Aix-la-Chapelle est également abordée. Pour chacune des œuvres considérées, nous rappelons les études antérieures et les modèles antiques ou byzantins proposés, nous apportons de nouveaux modèles, nous tentons de comprendre comment ces derniers étaient étudiés et nous répondons à la problématique de leur localisation et de leur visibilité. Nous montrons le rôle important de Nicolas de Verdun dans le processus de mise en place d’un art novateur, basé sur l’étude des œuvres antiques qu’il trouve à Montier-en-Der, à Reims, puis à Cologne. La partie consacrée au corpus sculpté débute par les reprises antiques durant la période romane en Auvergne, au sud de la France, en Espagne et en Italie, afin de mettre en avant l’attitude nouvelle des artistes vis-à-vis des précédentes imitations de l’Antiquité. Une recherche d’ordre stylistique qui vise à une représentation convaincante de la tridimensionnalité et de la nature gouverne l’art des années 1200, contrairement aux artistes romans qui s’attachaient davantage à reprendre des œuvres du passé des éléments techniques et compositionnels. Puis, nous examinons l’apparition du style antiquisant à Laon, Sens et Braine en constatant les fortes influences de l’orfèvrerie mosane dans un premier temps, avant que les sculpteurs s’orientent directement vers les vestiges antiques. Nous prenons en considération les plus beaux groupes sculptés de la période, tels que ceux de Chartres, de Paris, de Reims, de l’Angleterre et de la Germanie, avec une insistance particulière sur le transept sud de la cathédrale de Strasbourg. Finalement, le chapitre 4 se focalise sur la production peinte en analysant l’utilisation des modèles dans le manuscrit le plus emblématique du Style 1200 : le psautier d’Ingeburge. Nos conclusions montrent l’absence de modèles antiques utilisés par les peintres, qui assimilent les innovations mises en place par les sculpteurs contemporains.

Finalement, nous terminons avec une partie qui regroupe notre sujet thématiquement en considérant le processus de l’imitation de l’Antiquité. Nous examinons soigneusement ce que retiennent les artistes et les raisons de ce regard renouvelé vers les œuvres du passé dans les décennies considérées en argumentant la piste locale des sources étudiées, au détriment de voyages, à Rome ou en Grèce et en apportant quelques témoignages écrits sur la perception de l’Antiquité aux XIIe et XIIIe siècles.

TABLE OF CONTENTS

Introduction

Historiographie

Limites d’une méthode comparative

Chapitre I : Imiter vers 1200

Notion médiévale d’imitation

A l’origine du style 1200 : Antiquité ou Byzance ?

Chapitre II : L’orfèvrerie

Précédents mosans

Nicolas de Verdun

L’orfèvrerie après Nicolas de Verdun

Chapitre III : La sculpture

Précédents romans

L’apparition du style antiquisant dans la sculpture du Domaine Royal : Laon, Sens et Braine

Chartres, Paris, Reims : l’épanouissement du style 1200

La sculpture dans les régions impériales et en Angleterre

Chapitre IV : La peinture

Le psautier d’Ingeburge

Enluminure parisienne et scriptoria du nord de la France

L’Empire et l’Angleterre

Récapitulation

Chapitre V : L’Antiquité en 1200

Processus de l’imitation de l’Antiquité dans le style 1200

Localisation des œuvres imitées

Intentionnalité de la reprise de l’Antiquité

Perception de l’Antiquité aux XIIe et XIIIe siècles

Conclusion