Rastaquarium, Marcel Proust et le "modern style"
Arts décoratifs et politique dans "A la recherche du temps perdu"
Sophie Basch
- Pages: 192 p.
- Size:210 x 297 mm
- Illustrations:163 col.
- Language(s):French
- Publication Year:2014
- € 75,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
- ISBN: 978-2-503-55253-8
- Hardback
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« Dans un livre d'une intense érudition, Sophie Basch, professeur à Paris-Sorbonne, part des arts décoratifs pour étudier la stratégie politique de Proust, ressuscitant la xénophobie et l'antisémitisme qui ont accompagné en France la naissance de l'art nouveau et replaçant la Recherche dans cet environnement. C'est un fil que l'on tire et par lequel vient tout le tissu. Rastaquarium est aussi un livre qui fait le point sur la recherche proustienne contemporaine, puisque, au hasard des citations et des références, les informations tombent de tous les côtés. » (Mathieu Lindon, dans Libération, 4 décembre 2014)
« Côté érudition, on se plongera avec bonheur dans l'étude magnifiquement illustrée de Sophie Basch (professeure à la Sorbonne), Rastaquarium, consacrée au Modern Style que Siegfried Bing (juif allemand naturalisé) introduisit en France en installant en 1895, rue de Provence, sa galerie consacrée à l'Art nouveau. Comme toujours chez Proust, les détails livrent l'essentiel : les volutes de ces arts décoratifs cachaient, dénoncèrent les antidreyfusistes, l'influence étrangère des juifs et autres « rastaquouères ». À travers cette étonnante polémique, Sophie Basch réinscrit la Recherche dans un vaste courant esthétique où l'expression du goût n'est jamais dissociée de ses enjeux idéologiques. » (Jean-Louis Jeannelle, dans Le Monde, 18 décembre 2014)
« Loin d’une histoire « culturelle » aux grosses ficelles dont on nous rebat les oreilles avec des simplifications le plus souvent grotesques et une instrumentalisation des œuvres à la limite de l’indécence, Sophie Basch propose une vision convaincante mais jamais péremptoire. Et c’est avec plaisir qu’on se « plonge » dans ce rastaquarium. » (Jean-David Jumeau-Lafond, dans: La Tribune de l'Art, 18 janvier 2015, http://www.latribunedelart.com/rastaquarium-marcel-proust-et-le-modern-style-arts-decoratifs-et-politique-dans-a-la-recherche-du)
« Le beau livre de Sophie Basch, qu’on sent partout imprégné de la passion pour son objet, constitue une solide et rigoureuse somme pour qui s’intéresse à l’Art nouveau au tournant des xixe et xxe siècles. Conjuguant avec bonheur les micro-lectures et les études plus amples de l’ordre de l’histoire culturelle, l’ouvrage stimule autant par son propos que par sa méthode. Il promet de devenir très vite une référence importante des études proustiennes et, plus largement, des recherches sur la littérature et les arts décoratifs. » (Cyril Barde, dans: Acta Fabula, avril 2015, vol. 16, N°4)
Le Cercle littéraire de la BnF, 3 mars 2015: http://www.bnf.fr/fr/evenements_et_culture/anx_cercle_litt/a.c_150303_cercle_litteraire.html
"Le livre de Sophie Basch est une merveille, allilant l'érudition à la finesse esthétique. C'est un volume de toute beauté dans lequel on a plaiser à se plonger. (...) La grande originalité de ce livre, c'est d'avoir mis en évidence comment Proust inscrit ces arts décoratifs dans son œuvre, en les associant à l'aquarium, comme le suggère le mot-valise du titre de Sophie Basch. (...) Sophie Basch Réussit le tour de force qui consiste à nous faire partager le plaisir qu'elle goûte à nager comme dans un aquarium des arts décoratifs - "modern style" -, tout en nous invitant à étudier l'esthétisme avec sérieux, en nous plaçant de l'autre côté des parois de verre. Son livre est à la fois un essai d'envergure académique et un objet d'art brillant. (...) Comme le but principal d'un compte rendu est de recommander ou non l'achat d'un livre, je dirais qu'en se procurant celui-ci, le lecteur s'enrichira d'un trésor. À feuilleter, lire et offrir aux autres, sans modération." (Emily Eells, in: Bulletin Marcel Proust, 2015, p. 125-127)
Sophie Basch est professeur de littérature française à l’université Paris-Sorbonne. Elle a notamment publié Paris-Venise, 1887-1932. La « folie vénitienne » dans le roman français de Paul Bourget à Maurice Dekobra (Champion), Romans de cirque (Bouquins-Robert Laffont), dirigé un volume consacré à l’œuvre littéraire, critique et politique de Gustave Kahn (Classiques Garnier), édité Le Voyage en Orient d’Alphonse de Lamartine et L’Orient de Théophile Gautier (Gallimard).
Proust has shown little interest in the decorative arts of his time, but his work bears the mark of the "submarine style" distinctive of Art nouveau. The low bookshelves with glass panes in the Grand Hôtel room at Balbec ― the symbol of À la Recherche’s unity, according to Georges Poulet in Proustian Space ― prove to be authentic witnesses of “modern style”. But what does “modern style” actually mean? À la Recherche includes five occurrences of the expression that could lead to misunderstanding. Contrary to a preconceived idea, it is not the English name for Art nouveau. This French coined anglicism refers to the international revival of the decorative arts at the beginning of the twentieth century, a fascinating but disturbing blend of aesthetics and social ideas. Proust detected at once and discreetly highlighted the cosmopolitan and "rastaquouère" (so to speak "métèque") inspiration of an ephemeral artistic movement contemporary with the Dreyfus affair. Enriched with an abundant and entirely original iconography, full of new discoveries and identifications, Rastaquarium brings back to life an epoch of which the novelist caught the essence. For the first time the whole question of decorative arts in À la recherche is fully tackled in all its ramifications, in a fascinating instance of the network of connections at the heart of Proust’s system.
Proust n’a manifesté que bien peu d’intérêt pour les arts décoratifs de son temps, mais son œuvre ponctuée d’aquariums est marquée par le « style sous-marin » caractéristique de l’Art nouveau. Les « bibliothèques vitrées » de la chambre de Balbec ― dans lesquelles Georges Poulet voyait le symbole de l’unité de l’œuvre ― se révèlent d’authentiques témoins du « modern style ». Mais qu’est-ce que le « modern style » ? L’expression, qui revient cinq fois dans À la Recherche du temps perdu, n’avait jamais vraiment été élucidée. Contrairement à une idée reçue, ce n’est en rien le nom anglais de l’Art nouveau. Cet anglicisme bien français désigne un renouveau international des arts décoratifs qui, mêlant esthétique et idées sociales, fascine et inquiète… Proust a parfaitement perçu et discrètement mis en valeur l’inspiration cosmopolite et « rastaquouère » d’un courant artistique dont le bref épanouissement coïncide avec les années de l’affaire Dreyfus. Enrichi d’une vaste iconographie, entièrement originale, fourmillant de trouvailles et d’identifications nouvelles, Rastaquarium fait revivre une époque dont l’écrivain a su capter l’essentiel. Toujours abordée de façon fragmentaire, la question des arts décoratifs dans la Recherche n’avait jamais été traitée dans son ensemble, seule manière de saisir les réseaux de correspondances si chers à Proust.
Note sur l’iconographie – Remerciements – Abréviations
Rastaquarium
Qu’est-ce que l’Art « nouveau » ?
Le « modern style » n’est pas un style
Naissance d’une expression
Le mobilier des Proust
Le monde de Liberty
Contre Ruskin
1905 : « Sur la lecture »
La Femme inconnue de Lille et le Printemps par « Brown »
Le moment Maple
Bing !
Le « modern style » dans la Recherche
Les bibliothèques vitrées de Balbec
De la référence anglaise à la référence bavaroise : le Salon d’Automne de 1910
Style « sous-marin »
Le Royaume de Neptune ou la civilisation de l’aquarium
Le « modern style », agent de l’étranger
L’esthétique dreyfusarde
Siegfried n’est pas Samuel
Le règne de l’impur
Le style franco-sémitique
Une nouvelle croisade
Dreyfusards avant Dreyfus
Style rastaquouère
Bibliographie - Index nominum - Table des illustrations