Opera omnia III

La tâche de rassemblement et de mise en ordre des différentes pièces du corpus homilétique d'Aelred de Rievaulx (1110-1167), commencé au tome précédent (CM 2 A) de ses Opera omnia, se poursuit maintenant par l'édition de trente-huit sermons, onze desquels étaient encore inédits. En tête du volume on trouvera la remarquable collection dite de Durham, constituée de façon semi-privée à l'intention probable de communautés monastiques amies de Grande Bretagne. Ce bel ensemble en forme d'année liturgique n'était jusqu'ici accessible que dans une édition partielle et provisoire de 1952. Vient ensuite une brève allocution pour la fête de l'Annonciation, conservée par les mélanges réunis par Matthieu chantre de Rievaulx à la fin du 12e siècle. Achève la publication une série de cinq sermons inédits transmis par un manuscrit de la cathédrale de Lincoln. L'enseignement spirituel particulièrement riche et élaboré de ces divers textes s'inscrit dans le sillon de la tradition patristique, élargie et réajustée par la prise en compte des nouvelles perspectives dégagées par la mystique bernardine. Avec une pleine maîtrise de ses moyens d'expression, Aelred déploie au long de ces pages une noble éloquence, tout à la fois simple et raffinée, dans une langue et style pétris de réminiscences et d'allusions bibliques puisées bien souvent à la liturgie. A la manière augustinienne, l'Abbé de Rievaulx interpelle son auditoire tantôt d'une manière collective, tantôt par l'usage du "tu" direct et individuel, tantôt en employant le "nous" qui l'implique lui-même dans son propos. Cela donne beaucoup de vivacité au discours, ranime l'attention, entretient le contact et donne au lointain lecteur l'impression d'être lui aussi en quelque sorte parmi les présents.

Aelredus Rievallensis — Sermones XLVII-LXXXIV (Collectio Dunelmensis et collectio Lincolniensis) — ed. G. Raciti