Comme un arrêt sur image, les terriers nous offrent une
vision globale, à un moment de son histoire, de
l’état d’un village, sa géographie, les
gens qui l’habitaient et la répartition des tenures
qu’ils occupaient. En 1375, Philippe de Harcourt, qui venait
d’épouser Jeanne de Tilly, commanda la
rédaction d’un nouveau terrier pour sa seigneurie de
Tilly-sur-Seulles (Calvados). Le registre de 323 folios qui en est
issu, édité et commenté par Denise Angers,
constitue, pour l’historien du monde rural, un outil
d’enquête remarquable. Tilly-sur-Seulles était
un bourg d’une certaine importance puisque son château
faisait partie du système défensif de la Normandie.
Document central de la gestion du domaine seigneurial, ce terrier
rappelle les prérogatives des seigneurs, décrit les
terres de la seigneurie, consigne le nom des tenanciers et le
montant des redevances dues au seigneur. Bel exemple de la
production documentaire de la Normandie médiévale, il
est une œuvre d’histoire et de gestion. Produit dans
une période difficile, il illustre l’activité
d’un seigneur en constante recherche de solutions pour parer
aux difficultés créées par
l’instabilité de la période.