La trajectoire d’un commandeur de l’Hôpital inscrit dans les réseaux de pouvoir, les cadres institutionnels et les pratiques sociales de la Provence du XIIIe siècle.
Bérenger Monge fut commandeur des maisons de l’Hôpital d’Aix et de Manosque pendant toute la seconde moitié du XIIIe siècle. Chef respecté de ces deux importantes communautés régulières élargies à la familia, seigneur de l’une des principales villes de Haute-Provence, maître d’ouvrage de deux constructions majeures, lieutenant du prieur de Saint-Gilles, ce dignitaire bénéficia d’un rayonnement dont témoigne le corpus documentaire rassemblé autour de sa personne. Exceptionnel par sa personnalité comme par sa longévité, ce commandeur n’en fut-il pas moins ordinaire dans sa fonction statutaire ? Se pose, en effet, la question de la représentativité, non seulement de cet acteur principal mais encore de toute une galerie de personnages et de statuts auxquels celui-ci s’est trouvé lié : prieurs de Saint-Gilles, bayles de Manosque, experts en droit et en écritures, entourages princiers… De fait, loin de s’enfermer dans un récit de vie linéaire, l’approche par le singulier est susceptible de dévoiler des techniques de gouvernement, des configurations sociales, des stratégies de carrière ou encore des affinités personnelles ou spirituelles. En définitive, la mise en intrigue autour de Bérenger Monge et des différents cercles de son entourage – du lignage à l’institution en passant par les autorités politiques du temps – offre un éclairage inédit sur « une vie de commanderie », c’est-à-dire la cellule de base d’un ordre militaire envisagée comme une institution totale. L’échelle de la vie humaine permet finalement d’articuler le cycle intermédiaire de la génération à des temporalités propres aux différentes mémoires sociales – dont la mémoire des archives appréhendées dans leur dimension processuelle.
Remerciements
Quelques clés de lecture
Introduction
Chapitre liminaire. Un nom dans la petite histoire : réinventions érudites et discours des archives
La glorification de la petite patrie avant tout (XIXe-XXe siècle)
Érudition locale et culte du document
Les historiens de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem
Évanescence d’un patronyme, redécouverte du passé hospitalier
Mémorialistes et maîtres d’ouvrage de la Religion (XVIe-XVIIIe siècle)
L’érudition, de l’âge classique aux Lumières
D’un « restaurator » à l’autre : le souvenir de Bérenger Monge et ses éclipses
Le fonds du grand prieuré de Saint-Gilles : la vie d’un monument du XVIe au XIXe siècle
Le souci des archives
Classement et sélection
Des archives parlantes et vivantes
Inventaires et récit : archives et « réaction féodale »
Moyne ou Monge ? Un commandeur au prisme de la lecture des archives
Première partie. Le frère dans ses champs sociaux
Chapitre I. La troublante apparition d’un homme sans passé
Le sujet dans le champ familial
Les Monachi, un lignage chevaleresque d’Aix
Émergence d’une individualité
Frère de l’Hôpital : un destin programmé ?
Une consécration : la charge des commanderies de Manosque et d’Aix
Aix et Manosque, deux commanderies sous protection comtale
Les clés d’une promotion : une connexion savoyarde ?
Chapitre II. La communauté hospitalière sous Bérenger Monge
La baillie : une maisonnée seigneuriale
Les frères : ouverture et distinction sociales
La familia : une communauté matérielle et spirituelle
« Le pain, l’eau et les humbles vêtements »
Hiérarchie, éminence sociale et spécialisation des fonctions administratives
Le couvent, les chevaliers et le commandeur
Les offices de la baillie
Le personnel clérical
Chapitre III. L’individu dans le champ institutionnel : le commandeur et ses frères
Un capital symbolique
Les critères objectifs de la distinction
L’image du commandeur
Les limites de l’individualisation
Un vénérable père à la tête de sa familia
Une assise matérielle
Une charité bien ordonnée
Une obéissance négociée
Un pouvoir partagé : rapports d’autorité et de confiance
Une autorité déléguée
Les officiers de la baillie : naissance d’un corps ?
Deuxième partie. L’administrateur
Chapitre IV. Une « grande transformation » ? Une génération d’administration seigneuriale
Accumulation et gestion du temporel : l’âge de la rationalisation
L’emprise foncière : investissement financier, rente et exploitation directe
La baillie ou la territorialisation du dominium
Économie monétarisée et prodromes de la « conjoncture de 1300 »
Les écritures de l’administration seigneuriale
Le milieu socio-culturel : « les gens de plume et de chicane »
Écrire pour conserver
Registres et écritures vernaculaires : les hospitaliers dans la révolution documentaire
Normes comptables, mémoire administrative et contrôle institutionnel
Chapitre V. Gouverner les hommes. Le laboratoire manosquin
L’universitas à la conquête des libertés
La conscience civique d’une élite : syndics et prudhommes
Les ressorts du dominium : hommage, corvées et aveux
La contrainte du ban : entre coercition et négociation
La pierre angulaire de l’édifice seigneurial : prélever l’impôt et dire la norme
La question fiscale
Le Livre des privilèges et le corpus statutaire
La justice du commandeur
Curia Hospitalis. Une institution au sein de la seigneurie
Un ordre social vu par les hospitaliers ?
Troisième partie. Le rayonnement
Chapitre VI. Œuvrer pour la postérité : le commandeur-fondateur
Saint-Jean d’Aix : le maître d’ouvrage de la commande royale
Fondation et refondation : un chantier séquentiel
Un sanctuaire dynastique : de la maison de Barcelone à la maison de France
Entretenir la memoria : dons au trésor, chapellenies et inhumations
Manosque : lieux de pouvoir et pôles de sacralité
L’empreinte hospitalière sur la fabrique urbaine
Des ambitions de châtelain : la restructuration du palais comtal
Deux pôles de sacralité : entre Saint-Pierre et Saint-Géraud
Chapitre VII. Du local à l’universel. Entre l’Église et l’État
Encadrement pastoral et économie ecclésiale
Le partage des prélèvements sur les fidèles : dîme et quarte funéraire
Entre juridiction de l’ordinaire et exemption pontificale : une difficile équation
À l’ombre de l’État angevin
Segnoria et regalia : le commandeur et le prince
Des serviteurs de l’État
Chapitre VIII. Du local à l’universel. Le prieuré de Saint-Gilles et l’Orient latin
Une maturité institutionnelle : le prieuré de Saint-Gilles et ses baillies
La stature du prieur
L’administration du prieuré : communication et institutionnalisation
Le secours à la Terre sainte : des discours aux actes
La défense de la Terre sainte : rhétorique légitimante et propagande alarmiste
Les frères et l’horizon oriental
Le subsidium Terre sancte
Le prieur et le commandeur : deux profils de dignitaires en mutation
L’espace ordinaire d’un commandeur
L’année 1269 : tournant ou non-événement ?
Épilogue. La fin d’un règne
De l’automne de la vie…
…Aux frimas de la mémoire
Conclusion
Sources inédites
Bibliothèque municipale d’Aix-en-Provence (Méjanes)
Bibliothèque municipale d’Avignon (Ceccano)
Bibliothèque municipale de Carpentras (Inguimbertine)
Prague, bibliothèque de l’ordre de Malte
Archives municipales de Manosque
Archives municipales d’Arles
Archives départementales des Bouches-du-Rhône
Archives départementales de la Haute-Garonne
Archives départementales du Rhône
Bibliographie
1. Sources imprimées
2. Instruments de travail
3. Travaux anciens (1800-1945)
4. Études
Index des noms propres
Index des noms de lieux
Table des annexes en ligne