Book Series Monothéismes et Philosophie, vol. 17

Le mensonge et les vertus de la vérité. Une histoire

Gaëlle Jeanmart

  • Pages: 216 p.
  • Size:150 x 210 mm
  • Language(s):French
  • Publication Year:2012

  • € 80,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
  • ISBN: 978-2-503-54494-6
  • Paperback
  • Available
  • € 80,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
  • ISBN: 978-2-503-57269-7
  • E-book
  • Available


Summary

L’accès à la vérité est conditionné par des vertus morales, comme la franchise, la curiosité, le désintéressement ou la bienveillance à l’égard d’une critique fondée. Or, ces vertus ont une histoire, comme la morale elle-même et comme les vices et c’est pourquoi la philosophie doit laisser place à l’histoire ou se fondre en elle. Certaines notions apparaissent ou disparaissent du catalogue des vices ou des vertus au cours du temps. Ainsi la sincérité chrétienne succède-t-elle à la franchise grecque. De la même façon, il y a une histoire des problèmes éthiques comme une histoire des raisons contingentes et stratégiques de promouvoir certains comportements sous le nom de vertus et d’en réprimer d’autres sous le nom de vices. Platon – et Machiavel à sa suite – ventent les mérites du noble mensonge en politique et l’intérêt des fables dans l’éducation ; Augustin, ainsi que Montaigne et Kant, condamnent radicalement le mensonge. Pour transmettre des valeurs justes, il faut parfois mentir, dit Platon. Mentir une fois, répond Augustin, c’est compromettre le crédit général de la parole qui est la seule façon pour les hommes de se communiquer leur pensée.

Or, sans hériter du contexte polémique (défendre la seule vera religio), nous héritons des chrétiens à la fois leur condamnation morale du mensonge et la conception standard que nous en avons comme formulation de propositions dont l’auteur sait en conscience explicite qu’elles sont fausses. Cet héritage nous rend imperméables à certains problèmes posés par les Grecs. La généalogie vise alors à nous permettre de quitter nos grilles d’analyse colorées par le développement historique ultérieur des problématiques (et donc notamment par la christianisation du pseudos grec) pour retrouver la saveur d’une série de questions qui sont inédites pour nous parce que la tradition, chrétienne bien sûr, mais aussi platonicienne, les avaient oubliées et ainsi rendues inaudibles à nos oreilles modernes. La généalogie est ainsi une expression forte de la dimension critique de la philosophie qui, en questionnant le cadre dans lequel elle pense, s'ouvre à elle-même la possibilité de penser autrement.