Impliqué dans les âpres querelles religieuses de
son époque Érasme n’a cessé de se
défendre des accusations d’hérésie
portées contre lui par les théologiens et les hauts
milieux romains. Son œuvre comprend donc nombre
d’écrits polémiques peu connus du public.
Textes austères, qu’animent pourtant la plume
sarcastique et vigoureuse de l’humaniste, son
érudition surprenante et la précision
« philologique » de ses analyses.
Parmi les nombreuses apologies, la réponse à Alberto
Pio se distingue par le rythme de son contenu : tous les
problèmes longuement débattus par Érasme au
cours dans son œuvre y sont abordés, que ce soit ses
rapports avec Luther, la justification des Paraphrases, le
problème des sacrements, ou la question tant débattue
depuis des siècles de la prépondérance du pape
ou de celle des conciles. Si bien que la réponse à
Pio peut à juste titre être considérée
comme une synthèse de la pensée
d’Érasme.
Pour la première fois sont éditées la
totalité des notes qu’Alberto Pio a ajoutées
lors de sa lecture dans la marge du texte érasmien :
dialogue souvent acerbe entre ces deux humanistes, animés
l’un et l’autre d’une foi sincère et
d’une conviction inébranlable. C’est le choc de
deux mentalités, l’une plus critique, l’autre
traditionnaliste ; affrontement sans issue entre le dynamisme
audacieux du Nord et la fierté des Italiens attachés
à leur grand passé et peu enclins à le mettre
en question.
"This debate is important to the understanding of the divisions in the world of humanism during the period of the Reformation, and this edition is a splendid resource for scholars of the early sixteenth century." (Laurel Carrington in: Neo-Latin News, Vol. 62, 2014, Nos 1&2, p. 88-90)
"Avec la publication des réponses d'Érasme à Alberto Pio de Carpi, c'est un véritable trésor que M. T.-F. offre aux érasmiens et à tous ceux que la pensée intellectuelle et religieuse du premier 16e s. intéresse. (...) Superbe travail, cet ouvrage est non seulement très utile - ce texte n'est pas encore paru dans l'édition d'Amsterdam (ASD) - mais il montre, une fois encore, combien Érasme constitue un sujet de recherche inépuisable." (Marie Barral-Baron, dans: Revue d'Histoire Ecclésiastique, 2014, 109/3-4, p. 360-362)