Book Series Les styles du savoir, vol. 10

Japeta. Édition et traduction.

Sylvie Taussig, Claus Zittel (eds)

  • Pages: 303 p.
  • Size:150 x 210 mm
  • Illustrations:7 b/w
  • Language(s):French, German
  • Publication Year:2010

  • € 35,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
  • ISBN: 978-2-503-52760-4
  • Paperback
  • Available
  • € 35,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
  • ISBN: 978-2-503-56436-4
  • E-book
  • Available


Summary

Après l’édition d’Europe, comédie héroïque, de Richelieu et Desmaretstz de Saint-Sorlin (1642), la parution de son équivalent  germanique, Japeta, fera date.  Les « belles infidèles »  ne sont pas réservées aux auteurs français : Harsdörfer traduisit  la pièce de théâtre imaginée par Richelieu dès 1643, en pleine guerre de Trente Ans, premier conflit paneuropéen dont sortira l'ordre westphalien qui dominera les relations internationales jusqu'à la Révolution française. La simple existence de cette traduction, où l’on retrouve les mêmes personnages, dont les noms sont cependant changés,  mérite qu’on s’y arrête, et la version qu’il propose à son lecteur est plus fascinante encore. Les glissements de sens et de projet, de philosophie politique, de rapport à la morale et à la religion, de rapport aux Anciens, sont constants, même si le fond de l’affaire reste le même : nous avons donc Japeta, reine libre et vierge, majestueuse, qui tente d'imposer la paix à ses deux belliqueux soupirants : l'orgueilleux Iberich, mollement soutenu par son parent, le très moral Adelman, et le chevaleresque Liliwert. Italmund est là aussi, otage tantôt de l'un, tantôt de l'autre, et Austerwig court à sa perte, amoureuse de cet Iberich qui se sert d’elle, comme arme dans ce conflit qui le conduit vers sa ruine. Liliwert l’emporte, lui qui fait sienne l'ambition de Japeta d’être « libre » et non point « possédée ». La pièce figure une arène de combat, politique certes, mais aussi et peut-être surtout moral. Si la pièce de Harsdorfer est, comme celle du cardinal, une manifestation d'un sentiment européen, elle scelle peut-être encore davantage l’union entre Liliwert, la France, et Adelman, l’Allemagne.  Pour autant, cette traduction, qui ne se présente jamais comme telle, si elle  illustre les affirmations de Harsdörfer, selon lequel la littérature allemande doit s’enrichir aux sources étrangères, sans compter sur son seul sol, infléchit le gallocentrisme de la pièce de Richelieu, et surtout  déplace son centre d’intérêt de la politique vers la morale et la dimension littéraire.

Nous voulons, avec cette édition, qui comporte le texte allemand et la première traduction française, ainsi que des notes et une introduction,   contribuer à ouvrir une brèche  pour les études  de départements qui trop souvent s’ignorent, la littérature française, et la littérature allemande.  Les chercheurs se sont par le passé trop rarement penchés sur l’influence de la France sur la littérature allemande du début de l’âge baroque, dont Harsdörfer est une figure  centrale. Japeta mérite cependant l’attention non seulement parce qu’elle s’écrit à un moment où les rapports de puissance se sont transformés, en Europe,   mais aussi parce qu’elle émane d’un auteur protestant adaptant la pièce d’un cardinal ministre de la France, fille aînée de l’Église, et enfin parce qu’elle est le document le plus important, dans le domaine du théâtre, de l’influence, trop longtemps négligée par la germanistique et les études littéraires françaises, du classicisme français sur la littérature allemande.