Alors que les questions de rhétorique et de
poétique viennent généralement en fin
d’étude quand il s’agit d’analyser des
œuvres religieuses, de propos délibéré
l’auteur du présent travail est parti de l’art
poétique, car les séquences d’Adam de
Saint-Victor sont au moins autant des poèmes que de chants
liturgiques. Il s’agissait d’asseoir la lecture du
texte non seulement sur l’analyse de son contenu, mais aussi
sur un examen des procédés artistiques ; or, la
rhétorique victorine n’est jamais gratuite ; elle
est toujours motivée par une volonté de faire dire au
mot, au vers, à la musicalité, ce que les concepts
ont peine à exprimer. Le langage poétique,
apparenté au langage mystique, permet sinon une pleine
compréhension, à tout le moins une perception
intuitive du mystère, voire une adhésion. Ainsi la
fonction psychagogique de la séquence ne tient pas seulement
à son statut liturgique, mais aussi à la force
intrinsèque et au pouvoir du langage mis en œuvre.
Cette recherche, par une relecture extensive de
l’œuvre à travers la traduction et le
commentaire, reprend dans le détail l’application des
traits généraux d’abord dégagés,
et s’efforce également de mettre au jour le contexte
et les sources d’inspiration indispensables à la
compréhension de textes devenus généralement
étrangers à l’horizon culturel de la plupart
des lecteurs actuels.
L’authenticité des séquences comme la
personnalité du poète, aussi illustre qu’il est
peu connu, demeurent problématiques : en abordant cette
question du point de vue de l’analyse interne, sans
prétendre donner des réponses définitives,
l’auteur espère convaincre que la beauté et
l’excellence de la plupart de ces séquences
témoignent de la présence, à leur origine,
d’un homme à la fois poète,
exégète, mystique, et profondément soucieux de
faire partager sa foi. Au demeurant la mémoire des chanoines
de la congrégation victorine et les témoignages des
contemporains ne laissent aucun doute sur l’existence de ce
poète hors pair.
Jean Grosfillier est docteur ès lettres en langues
et littératures françaises et latines
médiévales de l’université de
Genève.
"Les séquences d'Adam de Saint-Victor is an intensely personal study by a scholar who loves his subject and admires a figure he has come to believe is primarily responsible for its creation. [...] Specific attributions will remain speculative, but the means through which Jean Grosfillier argues for them in his admirable study reveal many details about the nature of the sequence repertories of the twelfth- and thirteenth-century Paris."
(Margot Fassler, in: Speculum, 86, 2011, p. 212)
"un livre important et beau, à la fois par son sujet et par son livre [...] L'auteur nous fait lire ces textes non pour leur usage liturgique, mais pour leur beauté littéraire [...] Ce livre qui rend hommage à l'art poétique médiéval est un vibrant plaidoyer en faveur d'une esthétique poétique dont il fait ressentir très finement toute la richesse; c'est une contribution irremplaçable à la connaissance de l'univers des victorins."
(Pascale Bourgain, in: Cahiers de civilisation médiévale, 54, 2011, p. 413-417)
"l'ouvrage est d'une très grande qualité. Une fois de plus, la qualité et la finesse des analyses rendent sa lecture convainctante mais également très enrichissante. Par l'ampleur et la profondeur du commentaire, la qualité de l'édition et de la traduction (des séquences), cette publication devient un ouvrage de références incontournable ..."
(Pascale Duhamel, in: The Journal of Medieval Latin, 21, 2011, p. 279)