Il y a cinquante ans, jeune bibliothécaire au Cabinet des
Manuscrits de la Bibliothèque nationale, l’auteur
reconnut les mains de Charles d’Orléans et de son
frère Jean d’Angoulême dans un carnet de notes
figurant dans l’inventaire des livres rapportés
d’Angleterre par Charles à sa libération en
1440. Contrairement à ce que l’on avait toujours
affirmé, les deux captifs n’avaient donc pas
vécu séparés pendant toute la durée de
leur exil.
Ce petit volume contient l’autographe raturé
d’un long poème mystique de Charles, inconnu
jusqu’alors, le Canticum Amoris, ainsi que les
brouillons ou les copies hâtives de nombreux textes de
piété. Le tout fut retranscrit par d’excellents
copistes de Londres dans l’un des plus beaux manuscrits
enluminés rapportés par Charles en 1440.
Pierre Champion (1910) avait tenté de reconstituer la
librairie de l’aîné et Gustave Dupont-Ferrier
(1897) celle du cadet. Préférant traiter ensemble les
deux fonds qui, réunis dès le début du
XVIe siècle, formèrent le noyau originel
de la Bibliothèque royale, l’auteur a retrouvé
une bonne soixantaine de nouveaux manuscrits. Ces identifications,
qui ont notamment permis la découverte d’œuvres
perdues de Gerson, révèlent des aspects
insoupçonnés de l’activité
intellectuelle et de la spiritualité des princes
captifs.
L’ouvrage, illustré de quelques reproductions de
manuscrits, comprend, outre une introduction,
l’édition des inventaires qui subsistent (Arch. Nat. K
500 n° 5 et 7, P 1403 n° 38 et 39), des notices sur chacun
des manuscrits retrouvés (inventoriés ou non
inventoriés), une table de concordances et des index. En
appendice, on trouvera l’édition du Canticum
Amoris : elle est précédée d’une
brève présentation et accompagnée d’une
réédition de la Carole en latin, seul poème
latin longtemps connu de Charles d’Orléans,
qu’il est intéressant de comparer à
l’autre. On trouvera également une prière, que
nous voyons littéralement composer sous nos yeux en
étudiant toutes les ratures et additions du brouillon.
Gilbert OUY (1924-) est archiviste-paléographe,
docteur ès-Lettres et directeur de recherche
émérite au C.N.R.S. Conservateur au Cabinet des
Manuscrits de la Bibliothèque nationale (1946-1959), puis
chercheur au Centre national de la Recherche scientifique
(1959-1992) où il a créé, et dirigé
pendant dix-huit ans une équipe de recherche sur l'Humanisme
français des XIVe et XVe
siècles. Il a également enseigné la
codicologie à l'École Pratique des Hautes
Études.