Book Series Bibliothèque de l'Antiquité Tardive, vol. 9

Les monuments chrétiens de la côte orientale de la Mer Noire. Abkhazie (IVe-XIVe siècles)

L. Khroushkova

  • Pages: 340 p.
  • Size:220 x 280 mm
  • Illustrations:500 b/w, 18 col.
  • Language(s):French
  • Publication Year:2007

  • € 85,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
  • ISBN: 978-2-503-52387-3
  • Paperback
  • Available


Summary

The larger part of this book deals with the monuments L. Kroushkova has studied archeologically since 1972.  The book covers the territory of modern Abkhazia.  In Late Antiquity and in the early Middle Ages four areas are distinguished in the Eastern Black Sea Coast Region: Lazica (South part), Apsilia, Abasgia.  The coastline is connected to the North Caucasus via important passes (such as the passes of Klukhor, of Marukh, of Sanchar) in the gorges of the Abkhazian hinterland.  Chronologically, the work deals with the period of the fourth to the XIV centuries. The author has gathered an impressive amount of iconographic material, most of it unpublished.
Almost all the monuments that have come down to us are in a state of ruins, and most of these have been excavated.  Only a few buildings have retained walls to the original height, and these buildings have usually been rebuilt, as for instance the basilicas of Tsandripsh and the aisleless church in Gagra.  Well-preserved (including the dome) is the large church in Dranda.  Apart from church ruins, the author separately examines architectural decoration.  Some elements of church interiors were imported from Byzantine workshops on the island of Prokonessos.  Local sculptors who used limestone or less frequently sandstone for reliefs and in some cases capitals were also involved.  Floor mosaics are found uniquely in the basilica of Pityous.


Les auteurs grecs, à partir de l’époque d’Homère, nommaient Colchide le territoire du littoral oriental du Pont-Euxin, situé aux confins du monde gréco-romain. L’Abkhazie (Abasgia) occupe la partie nord de cette région, qui a comme particularité remarquable d’appartenir à la fois au monde caucasien et au monde méditerranéen et byzantin.
Les témoignages légendaires de la propagation du christianisme dans cette région remontent aux temps apostoliques; les exilés chrétiens sont apparus à l’époque dioclétienne. C’est justement dans les anciennes villes et forteresses côtières romano-byzantines qu’on trouve les édifices chrétiens les plus anciens. L’évêque Stratophilus de Pityous était unique représentant du Caucase au premier Concile de Nicée en 325, son église fut découverte hors des murs du castellum. D’autres basiliques furent bâties à Pityous et à ses environs durant les IVe-Ve s.; l’une d’elles a reçu un décor en mosaïque. La ville de Sébastopolis est un autre grand centre chrétien; une église octogonale s’inscrit bien dans la tradition architecturale de l’Antiquité tardive en Orient, comme en Occident.
La conversion de la population indigène fut liée à la politique de Byzance. La basilique de Candripš, bâtie par Justinien Ier pour les Abasges, fut ornée richement de marbres de Proconnèse. Les Apsiles, eux aussi, avait leurs églises modestes à nef unique, dans les contreforts du Caucase. Une organisation ecclésiastique, dépendant du patriarcat constantinopolitain, fut établie après les guerres persano-byzantines, lorsque la Lazique et l’Abasgie ont fait partie de l’Empire Byzantin.
Les traditions de l’Antiquité tardive se sont conservées dans l’architecture de l’Abkhasie pendant le Haut Moyen Âge. Le plan de la grande église à coupole de Dranda associe une rotonde et une croix. Plus tard on observe aussi des influences de l’art non chrétien, postsassanide, arabe et persan. Un exemple remarquable est donné par les dalles du chancel de Cebelda, retrouvée dans la région apsilienne. Ces reliefs insolites, avec leur programme iconographique bien élaboré et du style rustique, caractérisent bien l’art indigène de l’époque du Royaume Abkhaze. Cette époque florissante a duré deux cents ans, des années 80 du VIIIe s. jusqu’aux années 80 du Xe s.
Les rois abkhazes cherchent à être indépendants de Constantinople, les évêchés abkhazes se sont organisés au Xe s. En même temps l’archevêché d’Abasgie du patriarcat constantinopolitain demeure encore; très probablement l’immense église de Pytious/Bicvinta/Picunda fut-elle érigée comme cathédrale de l’éparchie de Sotèrioupolis. A l’époque de l’essor du Royaume Abkhaze, son activité se manifeste par la construction d’une série d’églises d’un type en «croix inscrite», qui est devenu prépondérant dans le monde byzantin au Xe s. Presque toutes de ces églises se disposent justement entre les deux sièges constantinopolitains, de Sotèrioupolis et d’Abasgie.
L’époque médiobyzantine en Abkhazie est bien illustrée aussi par l’ensemble architectural de Lykhny, résidence des princes abkhazes Cacba-Šervašidze. Le complexe, bâti au Xe s., est composé d’une église à coupole et d’un palais. Les fresques de cette église appartiennent au style constantinopolitain de l’époque des Paléologues. En revanche, le palais offre des traits de l’art islamique. Le trésor constitué de monnaies byzantines d’or et de pièces géorgiennes d’argent, fournit la date importante pour établir l’histoire longue de cet ensemble.
C’est aux XIe-XIIIe s., à l’époque du Royaume des Abkhazes et des Kartliens (Royaume Géorgien uni), qu’on observe en Abkhazie des formes architecturales et décoratives géorgiennes. A la fin du XIVe s., Bicvinta/Picunda devient siège épiscopale du catholicos (patriarche) de l’Abkhazie (Géorgie occidentale).
Après la chute de Byzance, on trouve encore sur ce littoral des anciens sièges épiscopaux. Même au XIXe s., pendant le rétablissement du christianisme en Abkhazie, ce sont des grandes églises de style byzantin qui furent rénovées facilement.