L’étude entreprise par Jean-Pierre Batut sur le
titre divin pantocrator, inconnu de la langue grecque classique,
prend pour point de départ son usage biblique et explore la
littérature patristique antérieure au Concile de
Nicée, c’est-à-dire au transfert progressif de
ce titre de la personne du Père sur celle du Christ.
À l’intérieur du champ de recherche ainsi
défini, l’enquête est menée à
partir des Pères apostoliques, des Actes des Martyrs et des
Apologistes (en particulier Théophile d’Antioche),
pour aboutir à Clément d’Alexandrie et surtout
Origène en passant par Irénée, Hippolyte et
Tertullien. L’étude de cet auteur latin excellent
connaisseur du grec fait apparaître la question connexe de la
traduction de pantocrator par omnipotens : ce choix lexical
dessine par avance l’arrière-fond patristique des
futurs débats médiévaux sur la portée
et les limites de l’omnipotence divine.
La brève efflorescence de la théologie patristique
du Père pantocrator couvre à peine plus d’un
demi-siècle, mais elle éclaire d’une
lumière étonnante la question philosophique et
théologique de la consistance propre du monde et de
l’histoire devant la toute-puissance et la providence de
Dieu. De la sorte, elle nous aide à repenser à frais
nouveaux la question de Dieu et de sa relation au monde, ainsi que
l’affirmation de l’unicité du Dieu Père
tout-puissant.
"C'est une excellente étude qu'a léguée l'actuel évêque auxiliaire de Lyon, Mgr Jean-Pierre Batut, en publiant sa thèse de doctorat sur le Pantocrator." (S. Decloux, dans: Nouvelle revue théologique, 132/4 (2010), p. 667)