Book Series Publications de la Société Internationale de Recherches Interdisciplinaires sur la Renaissance, vol. 4

Éloquence et action à la Renaissance

Margaret Jones - Davies, Florence Malhomme (eds)

  • Pages: 241 p.
  • Size:156 x 234 mm
  • Illustrations:1 b/w, 11 col.
  • Language(s):French
  • Publication Year:2020

  • € 65,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
  • ISBN: 978-2-503-58320-4
  • Paperback
  • Available


BIO

Maître de conférences honoraire à l’Université de Paris-Sorbonne, Margaret Jones-Davies est spécialiste des études shakespeariennes.

Ancienne élève du CNSMDP, Florence Malhomme, agrégée et docteur habilitée en musicologie, enseigne à l’Université de Paris-Sorbonne.

Summary

Cicéron oppose dans le De oratore éloquence et rhétorique : c’est en prenant des leçons de ceux qui avaient une éloquence naturelle que l’art de la rhétorique est né. L’éloquence n’est pas une conséquence de la rhétorique, mais la rhétorique l’est de l’éloquence. La rhétorique ne doit jamais oublier son rapport à la nature. Or, aux cours des âges, la rhétorique devenue prescriptive finit par s’isoler du sens, de la création, de l’action humaine et devenir l’exercice stérile d’hommes obscurs, abîmés dans le silence de la vita contemplativa. Lorsque les prêtres donnent plus dans les mots que dans le contenu, chante le fou dans Le Roi Lear (III, 2), le royaume n’est pas loin du pourrissement.

Dans cette relation entre éloquence et action à la Renaissance, l’action n’est autre que le concept suggéré par la vita activa, tout ce qui touche la vie sociale et politique et que la période humaniste privilégie. Si l’action se distingue ainsi de l’actio, la cinquième tâche de la rhétorique, qui met en œuvre le corps même de la parole, la voix et le geste, qu’il soit de la main ou de l’œil, elle peut aussi l’inclure. À la cour d’Elsinore, les gestes et les regards de l’acteur ont un rôle politique.

Ainsi se propose-t-on de comprendre comment la Renaissance a repris le grand débat classique sur la valeur éthique de l’éloquence et de son art, la rhétorique. Comment les oppositions mots/choses, mots/faits et mots/actes se relaient entre elles pour fonder des théories du langage qui peuvent aboutir à un scepticisme sur le pouvoir des mots ou au contraire à sa valorisation, allant jusqu’à faire de l’éloquence une arme contre la violence. L’étude de la vie publique et de la langue, en passant par celle des arts, musique et peinture, fait apparaître l’importance de ce débat à l’âge moderne.

TABLE OF CONTENTS

Introduction — Margaret Jones-Davies

ÉLOQUENCE ET MODERNITÉ

Érasme : les contradictions fécondes d’une éloquence agissante — Blandine Perona
À la recherche de l’oralité érasmienne — Jean-Claude Margolin
Le bref discours sur la rhétorique de William Medley (1575) — Guillaume Coatalen
Quand le corps trahit l’âme, ou la duplicité des gestes dans Polymnia de Juan Caramuel Lobkowitz — Alicia Oïffer-Bomsel

ÉLOQUENCE ET VIE PUBLIQUE

Henri III ou le paradoxe d’un roi éloquent incapable de persuasion — Claude La Charité
Publier sa compétence : le cas de la polémique de Gentian Hervet avec des ministres protestants — Tatiana Debbagi Baranova
L’actio au féminin à la Renaissance — Diane Desrosiers

ÉLOQUENCE ET ARTS

Renaissance de la voix : du modèle rhétorique aux arts — Florence Malhomme
Éloquence et rhétorique dans la pensée musicale espagnole à la Renaissance — Louise Audubert
Image, geste, prière : la recherche de la compassion du XVIe siècle à l’âge post-tridentin. La figure de saint François — Lauro Magnani