L’arrivée des Francs et
l’établissement de leur pouvoir en Gaule à la
fin du Ve siècle fut et demeure un moment mal
connu de l’histoire européenne. Le manque de sources
écrites eut pour corollaire un fort investissement
idéologique pour les monarchies française et
allemande, qui firent de cet épisode un véritable
mythe d’origine. Le développement de la science
historique puis l’invention de la nation démocratique,
en sapant cette légende, engendrèrent une
pluralité de postures historiographiques.
Au XIXe siècle, la question franque devient un
enjeu de mémoire primordial dans la stratégie de mise
en discipline de la science historique à
l’Université, et pour la structuration d’une
communauté de spécialistes (historiens,
médiévistes, puis haut-médiévistes).
L’impact des conflits franco-allemands et la radicalisation
des idéologies, nationaliste, marxiste ou
national-socialiste, influencent les discours. Mais progressivement
s’engage, dans la seconde moitié du XXe
siècle, un mouvement de déconstruction nationaliste,
stimulé par une dynamique européenne et
pacifiste.
La présentation de ces débats révèle un
panorama original de l’érudition historienne
française et allemande aux XIXe et XXe
siècles. Elle montre la réalité d’une
science en marche, tout en soulignant l’impact du
présent sur celle-ci. Ce sont finalement le statut de toute
vérité historique et le rapport de l’historien
à l’État qui se trouvent ici
questionnés.
"[...] c'est la notion même de scientificité revendiquée dans le champ des sciences humaines qui est interrogée, faisant de cet ouvrage dense et érudit un travail salutaire et stimulant." (Laurent Jégou, dans Annales. Histoire, Sciences Sociales 65/4, juillet-août 2010, p. 1067-1068)
"Cette recension nécessairement allusive ne rend pas compte de l'extrême richesse d'un livre qu'il convient de lire à la fois pour les grandes lignes que nous avons essayé d'indiquer ici et, peut-être surtout, pour la richesse quasi encyclopédique des informations qu'il donne sur la production française et allemande pour l'histoire des Francs et plus largement du passage de l'Antiquité au Moyen Âge, mis en perspective depuis deux siècles." (Michel Sot, dans Revue d'histoire du XIXe siècle, 45 | 2012, 195-197)
"Soulignons enfin que l'A., loin de collectionner des portraits d'érudits, ne perd jamais de vue le développement des différentes théories et hypothèses jusqu'aux travaux les plus récents, ce qui est très utile au médiéviste d'aujourd'hui." (Bruno Judic, dans Le Moyen Âge, 120 (3-4), 2014, p. 800-802)