Abbé de Chancelade en Périgord et
évêque de Cahors, Alain de Solminihac (1593-1659) est
une figure marquante du mouvement de réforme pastorale de
l’époque baroque.
Formé à Paris, il entreprend en 1623 le
relèvement spirituel et matériel de son abbaye de
Chancelade qui devient, en moins d’une décennie, un
centre à partir duquel la réforme canoniale
s’étend à la Saintonge, au Limousin et à
l’Angoumois. Cette extension se heurte à la
volonté du cardinal de La Rochefoucauld et de Charles Faure
qui transforment la congrégation de Sainte-Geneviève
en une congrégation de France destinée à
regrouper dans une organisation centralisée toutes les
branches de l’ordre canonial. Au terme d’un long
conflit, dont les étapes sont ici reconstituées, la
réforme de Chancelade n’échappe à
l’absorption qu’au prix de l’abandon de son
expansion.
La carrière de l’abbé de Chancelade
connaît un tournant majeur avec sa nomination à
l’évêché de Cahors en 1636. Religieux
devenu évêque, il transpose son idéal de
perfection chrétienne dans l’état
épiscopal et entreprend la réforme de son
diocèse selon le modèle tridentin et l’exemple
de Charles Borromée : reconstitution du patrimoine
épiscopal, statuts synodaux, mise en place de vicaires
forains, visites pastorales, missions prêchées par les
chanoines réguliers qu’il a amenés avec lui de
Chancelade, fondation d’un séminaire confié aux
prêtres de la Mission. Cette ferme action réformatrice
s’est durablement heurtée à une opposition
cléricale organisée.
Son rôle déborde largement son abbaye et son
diocèse. Comte de Cahors et baron de Quercy, Solminihac
appuie de son autorité temporelle le pouvoir royal durant la
Fronde. Influent dans l’Église de France,
étroitement lié à Vincent de Paul, membre de
la Compagnie du Saint-Sacrement, il joue un rôle important
dans les affaires du temps, qu’il s’agisse de
défendre les prérogatives du Saint-Siège, de
condamner l’Augustinus ou d’obtenir la nomination
d’évêques conformes à son idéal
tridentin.
Ancien élève de l’École
normale supérieure, agrégé de
l’Université et docteur en histoire, Patrick Petot est
professeur de classes préparatoires à
Périgueux. Il s’est spécialisé dans la
recherche en histoire religieuse et dans l’étude
comparée des religions.
"L'ensemble de la moisson documentaire est riche... une étude sobre et nuancée qui saisit bien l'envergure d'un homme original, autoritaire et décidé, déjà assez connu, mais en vérité mal connu." (J. Bergin, dans Bibliothèque de l'École des Chartes, 168, 2010, p. 259)
"Un travail volumineux pour un homme d'exception et représentatif de la réforme catholique tridentine (...). (...) L'A. dépasse la simple biographie pour s'attacher à inscrire la vie d'Alain de Solminihac dans son contexte familial, régional, religieux et politique." (Daniel-Odon Hurel, dans: Revue Mabillon, n.s. t. 22 (t. 83), 2011, p. 406-408)