Book Series Notulae Erasmianae, vol. 8

Thomas More, Dialogue du réconfort

  • Pages: 585 p.
  • Size:125 x 190 mm
  • Language(s):French, Latin
  • Publication Year:2011

  • € 65,00 EXCL. VAT RETAIL PRICE
  • ISBN: 978-2-503-53113-7
  • Paperback
  • Available


Summary

Thomas More s’exerça au dialogue en traduisant du grec ceux de Lucien, publiés à Paris dès 1506 dans un recueil où il a Érasme pour émule. Il fréquenta évidemment ceux de Platon, de Cicéron, et de saint Grégoire le Grand. En 1516 l’Utopie le révéla comme un virtuose du genre. En 1529 il publia A Dialogue Concerning Heresies, premier des sept ouvrages en langue anglaise où il combat l’hérésie et tente de freiner la révolution dans l’État. Le Dialogue du réconfort, composé en prison, ne put paraître qu’après l’avènement d’une reine catholique, Mary, en 1553. Une longue lettre d’août 1534, où Margaret Roper raconte à sa belle-sœur Alice un long entretien qu’elle a eu avec leur père, est souvent appelée Dialogue of Counsel : le prisonnier en est le principal interlocuteur, comme l’est l’oncle Antoine dans le Dialogue of Comfort.
En avril 1534 More était occupé à écrire des pages qui démontrent, en s’appuyant sur les Pères grecs et latins, que la foi en la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie est aussi ancienne que l’Église. Les éditions patristiques lui faisant défaut en prison, il ne pouvait terminer cette étude. En revanche, l’écrivain-né qu’il était mit à profit l’épreuve multiple de la captivité pour explorer les trésors accumulés depuis un demi-siècle dans sa mémoire fidèle, et pour remonter à la source de tout réconfort. More n’envisage pas un dossier exhaustif concernant la tribulation et le réconfort ; un tel propos s’accorderait mal, du reste, avec le genre littéraire du dialogue. La Bible est néanmoins présente ici, de la Genèse à l’Apocalypse, par des centaines d’emprunts, dont plus de cinquante au seul psautier, que l’auteur sait par cœur pour en avoir récité des pages tous les jours. More a ruminé et vécu la « bonne nouvelle », en chrétien « catholique », in medio Ecclesiæ, sachant que l’échelle de Jacob descend du ciel jusqu’aux berges de la Tamise, jusqu’à celles du Danube : son Dialogue a pour cadre la Hongrie en partie annexée par le Turc ottoman. L’Évangile se trouve pleinement « acculturé » dans son ouvrage, où les livres inspirés jouxtent Platon et Galien, Cicéron et Pline, Juvénal et Martial, Ésope et Chaucer. Les fabliaux du Moyen Âge y dialoguent avec les classiques de la spiritualité chrétienne : Boèce en aval de saint Augustin et de Cassien, Gerson dans le sillage de saint Bernard et de saint Thomas d’Aquin.
Ce dernier texte de Thomas More est traduit et éclairé par une introduction, des notes et un index biblique par l’abbé Germain Marc’hadour, et l’une de ses anciennes étudiantes, Jocelyne Malhomme. C’est un texte spirituel d’une grande force et d’une grande beauté, écrit avec ironie mais sans venin, par un homme qui savait que sa dernière heure était proche.

Joseph Delcourt, pionnier français des études moriennes par son Essai sur la langue de Thomas More (Didier, Paris, 1914), relève, dans le Dialogue of Comfort, « beaucoup de tolérante bienveillance (...), beaucoup d’enjouement et d’ironie sans venin qui achève d’en faire l’aimable expression de la douce et souriante morale de More » (p. 52).