Que peut-on vraiment lire dans les récits
médiévaux relatant les émanations et les
perceptions des ‘odeurs de sainteté’? Cette
expression elle-même fut-elle jamais pleinement
signifiante, non pas sublimée en une métaphore toute
spirituelle, mais au contraire bien charnelle, et donc partie
intégrante d’une culture?
Prenant pour point de départ les récits
d’exhalaisons extraordinaires, cet ouvrage s’attache
à reconstruire l’importance et la signification
qu’ont pu revêtir odeurs et odorat en Europe
occidentale, dans la culture et la pensée religieuses, voire
même dans l’expérience des hommes et des femmes
du haut Moyen Âge, période formatrice s’il en
fut. S’appuyant sur un dépouillement
systématique des récits hagiographiques, Martin Roch
revalorise ces sources, souvent décriées, tout en les
confrontant méticuleusement aux textes bibliques et
patristiques, aux documents liturgiques, et même aux
données archéologiques disponibles.
En déplaçant le point de vue de l’odeur
miraculeuse à sa perception et aux récits qui en sont
faits, l’auteur se tient fermement sur le terrain de
l’histoire, de ses sources et de ses méthodes, sans se
priver pour autant de dialoguer avec les autres sciences humaines,
ou encore la médecine, ou la psychologie. Il démontre
ainsi que, par delà les formules littéraires, les
approches superficiellement rationalistes ou les effets de mode,
les odeurs extraordinaires peuvent être reconnues comme un
authentique objet d’histoire. Ce faisant, il parvient
à mettre en évidence une réalité
autrement plus riche et complexe que ce que l’on pouvait
soupçonner.
Martin Roch est docteur en histoire médiévale
de l’Université de Genève.
"En se plaçant à hauteur d’homme, l’auteur réussite tour de force de mettre en lumière, à partir d’une matière documentaire pourtant souvent aride et peu loquace en témoignages olfactifs, tout un pan de l’intelligence sensorielle d’une société d’avant la « révolution post-olfactive » de notre monde contemporain." (Damien Boquet, dans Le Moyen Âge 115, 2009, p. 628)
"On lui saura gré, pour finir, d'avoir exploré avec soin toutes les pistes disponibles pour défricher ce champ de recherche, indéniablement original." (Marlène Helias-Baron, dans: Revue d'Histoire de l'Église de France, tome 97, 2011, p. 370-371)