Le roi Arthur et ses chevaliers fascinent les
médiévaux. Ils connaissent un grand succès aux
XIIe et XIIIe siècles, succès
dont le secret réside dans la tension permanente qui
s'établit entre deux systèmes de valeurs
opposés: d'une part la royauté, centrée sur la
Table Ronde, d'autre part la chevalerie celestielle, centrée
sur le Graal, et qui met à l'honneur la vocation
chevaleresque à la sainteté. Cette guerre des
valeurs, chère à l'axiologie moderne,
génère la complexité de la fiction
arthurienne, et aussi celle des caractères qui y
évoluent: les personnage qui ont enregistré le plus
grand succès, précisément Lancelot ou
Perceval, sont justement les indécis,
systématiquement tiraillés entre les deux
systèmes.
La royauté rend maîtrisable un expace saugrenu,
peuplé de monstres et de fées. Le but est d'instaurer
une sorte de pax arthuriana et de façonner le monde
par la force des armes. À la violence environnante, la
royauté riposte par la répression légitime.
Sur ce canevas la chevalerie celestielle surgit comme valeur
différente, mais aussi comme anomalie. Elle oppose la parole
et la compréhension à la violence armée. Son
émergence est une tentative d'aseptiser un monde qui tire
son charme de son bellicisme et de son mystère.
C'est pourquoi le lecteur qui se penche sur les romans
arthuriens se heurte continuellement à l'effondrement du
sens dès qu'il essaie de leur donner une
interprétation systématique. Cette incohérence
est en grande partie le résultat du combat sourd des deux
systèmes de valeurs concurrentiels, qui s'affrontent dans
les profondeurs de la matière arthurienne comme les deux
dragons sous la célèbre tour de Vertigier.
« C. Gîrbea propose une lecture profonde de la matière arthurienne (...). Celui qui aura fait l'effort de suivre les réflexions, parfois difficiles, de l'A[uteur], dans le labyrinthe de la fiction médiévale, ne sera pas déçu, au terme de son parcours. » (X. Storellm dans Cahiers de Civilisation Médiévale 51, 2008, p. 182)
"Catalina Girbea is to be commended for producing such a remarkable book, that may both be considered as the summary of previous speculations regarding the articulation between "chevalerie tieriene" et "chevalerie célestielle", and as an original prolongation of this research, that reaches a few interesting conclusions. Without ever loosing sight of the Arthurian texts that constitute her corpus, Girbea is able to pursue an in-dept train of thought about the nature of power as it is perceived during the 12th and 13th centuries, and from there to address the vexing questions of the birth of individual conscience vs state during the Middle Ages." (A. Berthelotm in The Medieval Review, 25-10-2008)
"It [the book] is eminently scholarly and provides a number of challenging new insights into a body of texts that is notoriously complex and resistant to homogenizing interpretations. (...) A rewarding read." (F. Le Saux, in Medium Aevum, LXXVIII, I, 2009, p. 145-146)
« Le livre de Mme Gîrbea s'avère aussi riche que dense et témoigne d'une connaissance exceptionnelle des textes et de la mentalité de leurs auteurs. [...] il méritera d'être lu et relu par tous ceux qui s'intéressent aux récits arthuriens ou à la pensée du Moyen Âge occidental. » (Cl. Sterckx, dans Scriptorium. Bulletin Codicologique, 2010, 2, p. 190)