De la redécouverte de notre ancienne littérature
aux années 1990, peu de travaux systématiques ont
été consacrés au phénomène de la
mise en recueil durant le moyen âge central. Époque
des premières collections livresques et surtout de la somme,
le XIIIe siècle se caractérise toutefois par
l'emprise d'un geste unificateur sur la production manuscrite. Une
large part de la transmission écrite, littéraire et
savante, est marquée par l'apparition de vastes corpus
textuels répondant à un projet de regroupement ou de
rassemblement plus ou moins raisonné.
La précédente décennie à toutefois
marqué un net regain d'intérêt pour ces
questions dont on peut même considérer qu'elles
figurent aujourd'hui au cœur des préoccupations de la
" nouvelle philologie ". Axée sur une meilleure prise de
conscience de la dimension matérielle des œuvres et
des résonances directes de leur transcription,
l'étude actuelle du fait littéraire ne manque pas en
effet de s'interroger sur les implications et les
conséquences de cette pratique, intimement liée aux
traditions vernaculaires.
Yasmina Foehr-Janssens est professeur ordinaire de
littérature française médiévale
à l’Université de Genève. Ses travaux
portent essentiellement sur les formes du récit
médiéval, avec une prédilection pour la
question du recueil littéraire. Depuis plusieurs
années, elle cherche à enrichir son approche des
textes en accordant une attention particulière aux
représentations des rapports sociaux de sexe.
Auteur de plusieurs éditions, de traductions et de
travaux sur la langue, la littérature et l’histoire
littéraire et la tradition documentaire des
XIIe-XIVe siècles, Olivier Collet est
maître d’enseignement et de recherche à
l’Université de Genève.