Le Syntagma
philosophicum, tel qu'il occupe les deux premiers tomes des Opera
omnia de Pierre Gassendi (1592-1655), constitue une somme
philosophique, dont la composition suit les trois grandes divisions
hellénistiques de la philosophie. Publié en latin peu de temps après la
mort de son auteur, il n'est pas accessible au lecteur non
latiniste, sinon dans des traductions partielles. Le livre iv de la
Physique dont nous donnons ici la première traduction en langue
française contient l'essentiel de la théologie gassendiste. Il fait
suite à l'exposé de la conception de la matière selon Gassendi
interprétant Épicure et précède le livre intitulé «Mouvement et
mutation des choses». Construit en huit chapitres (le chapitre 2
démontre l'existence de Dieu et présente la manière dont on peut la
prouver; le chapitre 3 est consacré à la manière dont l'homme peut
percevoir sa nature ; le chapitre 4 à la manière dont nous percevons
ses attributs; le chapitre 5 présente Dieu comme le créateur du monde;
le chapitre 6 défend la thèse de la Providence générale de Dieu et le
chapitre 7 celui de sa Providence spéciale) qu'encadre un chapitre
un qui pose la question (quelles sont les causes que recherchent les
physiciens) à laquelle le dernier chapitre (8) répond, il permet de
saisir la conception fondamentale de Gassendi qui distingue la question
de l'existence de Dieu du problème de sa nature divine
L'affirmation de l'existence de Dieu, facile à prouver à la
fois par la raison et la foi, s'accompagne de la négation d'un
savoir absolu sur son essence. Il est doublement typique de la
philosophie de Gassendi d'une part parce qu'il tisse
l'intrication de principes épistémologiques tirés de la philosophie
épicurienne et de croyances traditionnelles et opère un agencement
complexe de preuves philosophiques et chrétiennes, d'autre part
parce qu'il provient du dépeçage et de la réorganisation du travail
que Gassendi a mené autour de la philosophie d'Épicure depuis 1636,
pour élaborer sa propre pensée.