La reconnaissance du miracle suscita
des discussions théologiques dans le christianisme comme dans
l'islam. Mais alors qu'une pratique du miracle sur les tombes
des saints chrétiens est attestée par les collections de
Miracula, la littérature hagiographique musulmane reste
généralement sobre enl la matière, même lorsqu'il s'agit de
saints réputés pour leurs charismes. Les articles de ce volume tentent
de déterminer les raisons de ces réticences et leurs rapports avec les
circonstances historiques.
Bien que de nombreux miracles soient rapportés dans les Traditions, le
Prophète de l'islam ne se signale pas par des miracles
spectaculaires, contrairement à Jésus, considéré comme le thaumaturge
par excellence. En revanche, Muhammad, recevant la révélation coranique
à travers l'archange Gabriel, a été sujet à de multiples visions.
Ce contraste entre les modèles, posés par les fondateurs respectifs de
l'islam et du christianisme, pourrait expliquer que les miracles,
dans l'hagiographie musulmane, soient plutôt constitués
d'apparitions, de rêves ou de pouvoir d'ordre initiatique,
alors que les miracles à dominante thaumaturgique abondent dans les
Vies des saints chrétiens.
L'études des mircles conduit enfin à des comparaisons intéressantes
entre christianisme et islam. La proportion entre miracles in
vita et post mortem (tombeaux, reliques, images) semble
constituer une différence majeure entre les deux religions, tandis que
le recensement et la comparaison des topoi mènent à des
rapprochements féconds, étant entendu que ces topoipeuvent être
réinterprétés à chaque époque.
Denise Aigle est maître de conférences à l'École Pratique des
Hautes Études (Sciences religieuses) et membre de l'équipe de
recherche "Monde iranien" au C.N.R.S. Spécialiste de
l'histoire de l'Orient musulman médiéval, elle s'intéresse
plus particulièrement à l'histoire sociale et des représentations
ainsi qu'aux contacts entre les religions de cette aire
géographique. Elle est l'auteur de nombreux articles et a dirigé
plusieurs ouvrages.
«L'impressionant volume qui en résulte tire son unité non seulement d'une somptueuse bibliographie finale mais surtout d'une introduction qui survole les différentes données des problèmes soulevés. ... On peut mesurer, par ce bref survol des thèmes traités, la richesse et la nouveauté qu'apporte ce volume dans sa dimension comparative.» (F. Aubin dans Archives de Sciences sociales des Religions, 2001, n° 116)
"Une contribution importante à l'histoire des mentalités et à l'étude comparée des religions." (Ève Feuillebois-Piérunek, dans Abstracta Iranica 23, février 2010, URL http://abstractairanica.revues.org/document35113.html)